Vidéo. Algérie. Immigration: Ouyahia accuse les africains d'être la source «de crimes, de drogue…»

VidéoLe Premier ministre algérien avait affiché il y a une semaine sa volonté de régulariser les migrants subsahariens et leur octroyer des permis de travail. Mais Ahmed Ouyahia, l’homme le plus proche de Bouteflika, s'y oppose et accuse les Africains d’être à l’origine de tous les maux du pays.

Le 09/07/2017 à 11h57, mis à jour le 09/07/2017 à 12h20

La politique migratoire qu’a voulu initier le nouveau Premier ministre algérien ne fait pas l’unanimité en Algérie, même au sein du cercle fermé de la présidence algérienne. En atteste la sortie remarquée du secrétaire général du RND, deuxième parti politique en Algérie, Ahmed Ouyahia, qui n'est autre que le directeur de cabinet de Bouteflika, soit l’homme le plus proche du président.

Dans une déclaration à un média algérien, il n’y va pas du dos de cuillère pour s’opposer catégoriquement à la politique migratoire qu’a voulu initier Abdelmadjid Tebboune.

D’abord, pour lui, les migrants africains ne doivent pas être régularisés car ils sont «rentrés de manière illégale» en Algérie. Ensuite, pour ce qui est des permis de travail que le gouvernement algérien compte offrir aux Subsahariens en situation irrégulière pour faire face à un déficit de main-d’œuvre, notamment au niveau des secteurs du BTP et agricole, Ouyahia estime que la loi algérienne s’y oppose.

Mais ce qui choque le plus dans cette sortie du directeur de cabinet du président algérien, c’est l’accusation faite aux migrants subsahariens. Pour lui, "ces étrangers en situation irrégulière sont source de crime, de drogue et de plusieurs autres fléaux". Bref, avec cette sortie, Ouyahia peut être considéré comme le parrain des anonymes des réseaux sociaux de la campagne «Non aux Africains en Algérie» et à ceux qui appelaient à «nettoyer les villes».

Partant, si Ouyahia dit ne pas demander aux autorités algériennes de «jeter ces migrants à la mer ou au-delà des déserts», on comprend parfaitement sa pensée et ce d’autant plus qu’il assène ensuite : «Quand on me parle des droits de l’Homme, je dis que nous sommes souverains chez nous».

Au moins avec cette sortie, qui ne s’éloigne pas de celle défendue par un certain nombre de dirigeants algériens, on comprend que la politique migratoire qu’a voulu initier le Premier ministre restera un vœu pieux. On est en droit de se demander si réellement il y avait une volonté affirmée en haut lieu pour faire face au drame des Subsahariens en Algérie.

Rappelons que cette sortie fait suite à l’annonce faite par le nouveau Premier ministre Tebboune, et relative à la régularisation de certains clandestins vivant sur le territoire algérien, ainsi que l'octroi en leur faveur de permis de travail pour faire face au déficit criant de main-d’œuvre que rencontrent certains secteurs, notamment le BTP.

Un recensement de ces Subsahariens a été annoncé dans cette optique. Ainsi, le ministre de l’Intérieur algérien, Nouredine Bedoui, avait annoncé le 19 juin dernier qu’«un fichier national est en cours de préparation pour recenser les migrants africains». Il avait expliqué que «l’Algérie considère ces refugiés, venant de pays en butte à des conditions difficiles, comme étant des invités qu’il faut prendre en charge au plan médical, social et psychologique, individuellement et en groupe».

Allant dans le même sens, Tebboune avait martelé le week-end dernier sa volonté d’intégrer les migrants subsahariens en annonçant qu’«ils obtiendront un document de résidence qui leur permettra d’oexercer un emploi».

Toutefois, cette sortie d’Ouyahia montre clairement qu’on ne parle pas le même langage au sommet de l’establishment algérien.

Par Karim Zeidane
Le 09/07/2017 à 11h57, mis à jour le 09/07/2017 à 12h20