Algérie-Libye: voici les premières réactions d'Alger et des dirigeants de Tripoli après les déclarations de Haftar

Le maréchal Khalifa Haftar et Abdelkader Messahel, alors ministre des Affaires étrangères de l'Algérie.

Le maréchal Khalifa Haftar et Abdelkader Messahel, alors ministre des Affaires étrangères de l'Algérie. . DR

Le 10/09/2018 à 16h18, mis à jour le 10/09/2018 à 17h26

Plus de 48 heures après les déclarations graves du maréchal Haftar, les dirigeants de Tripoli et le gouvernement algérien réagissent enfin. Toutefois, aucun démenti n’a été apporté par les deux parties aux accusations de l’homme fort de la Libye.

C’est 48 heures après les déclarations graves du maréchal Khalifa Haftar que les dirigeants de Tripoli et ceux du gouvernement algérien ont finalement fini par réagir.

Ainsi, selon la presse algérienne, lors d’un entretien téléphonique entre le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Tahar Siala, et son homologue algérien, Abdelkader Messahel, la Libye a présenté officiellement les excuses de son pays en dénonçant «les propos irresponsables de Haftar».

Notons toutefois que les dirigeants libyens qui viennent de présenter leurs excuses n'ont aucune influence sur les pans entiers du pays. Ils n'arrivent même pas à assurer la sécurité et la sûreté des libyens au niveau de la capitale, Tripoli. En conséquence, leur condamnation des propos de Haftar et leurs excuses envers l'Algérie s'expliquent surtout par le soutien qu'il reçoivent d'Alger qui a pris fait et cause pour les dirigeants de Tripoli. Du coup, ces derniers ne peuvent s'offusquer des incursions algériennes sur le territoire libyen dont ils ne contrôlent presque rien. 

En réponse aux excuses de cette partie non représentative de la Libye, Messahel, pourtant connu pour ses réactions épidermiques, s’est contenté de souligner que les déclarations de Haftar, quelles qu'elles soient, «ne peuvent porter atteinte aux liens solides de solidarité et de fraternité entre les deux pays, ou mettraient en cause l’engagement de l’Algérie dans le règlement du conflit libyen».

Le ministre des Affaires étrangères algérien en a profité pour réitérer la disponibilité de son pays à oeuvrer pour un «règlement pacifique de la crise» que traverse la Libye, «dans le respect de ses principes diplomatiques, dont la non-ingérence et le respect de la souveraineté des autres pays».

Sur ce dossier toutefois, si l’Algérie est impliquée dans plusieurs initiatives visant à trouver une solution politique à la crise libyenne, son impartialité a été maintes fois dénoncée par le maréchal Haftar.

Ainsi, lors de cet entretien, aucun démenti n'a été apporté par Messahel sur les accusations graves de Haftar. Pour rappel, l’homme fort de l’est libyen avait déclaré que l’Algérie avait «exploité la situation sécuritaire» dans son pays pour permettre une incursion des éléments de son armée en Libye et avait même menacé de transférer le conflit inter-libyen en Algérie.

Au-delà de ces échanges d‘amabilités, les Algériens souhaitent avoir des réponses claires sur les accusations de Haftar quant aux incursions de l’armée algérienne en Libye alors qu’idéologiquement, celle-ci est censée être confinée à l’intérieur du territoire algérien. Les raisons de terorisme que certains avancent pour justifier ces incursions ne semblent pas convaincre nombre d'Algériens.

Par Karim Zeidane
Le 10/09/2018 à 16h18, mis à jour le 10/09/2018 à 17h26