Algérie: les programmes sociaux de Bouteflika font exploser les impayés bancaires

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Le 26/11/2018 à 13h40

Selon la Banque centrale algérienne, les bénéficiaires des crédits dans le cadre des programmes gouvernementaux ne remboursent presque jamais leur dû aux banques. Résultats: ces dernières croulent sous le poids des impayés. Explications.

La Banque centrale algérienne est très remontée contre la politique sociale menée par Abdelaziz Bouteflika, à cause de l'énorme ardoise qu'elle laisse derrière elle, et dont le système bancaire est la première victime. Selon le rapport 2017, rendu public en fin de semaine dernière, la créance non productive représente 12,3% du total bilan du secteur, ce qui est un taux faramineux, si on le compare, par exemple, au Maroc qui est de 8%.

L'institut d'émission algérien pointe du doigt les banques publiques, qui sont quasiment obligées d'exécuter les directives du gouvernement algérien. Or, pour calmer la tension sociale, le gouvernement a lancé une série d'agences budgétivores, ou de lignes de crédit dans le cadre du programme d'aide à l'emploi des jeunes.

l s'agit notamment de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej), de la Caisse n'ationale d'assurance-chômage (Cnac), de l'Agence nationale de gestion du micro-crédit en Algérie (Angem). Les crédits octroyés par l'entremise de ces agences ont fait augmenter de 78% les crédits non-performants ou les créances en souffrance dans les banques publiques.

C'est dire qu'en réalité, les Algériens bénéficiaires de tels prêts ne les remboursent presque jamais, d'où le niveau désormais élevé des impayés dans le système bancaire algérien.

Or, ce sont des montants faramineux qui oint été décaissés tout au long de ces années pour calmer la pression populaire. A titre d'exemple, l'Ansej, depuis sa création en 1997, jusqu'en 2018, a été à l'origine de 1000 milliards de dinars de prêts accordés, soit près de 9 milliards de dollars, selon une estimation récente du ministre algérien du Travail, Mourad Zemali. 

Mais aujourd'hui encore, les officiels algériens refusent de mener une étude sérieuse sur l'impact réel de tels programmes, qui finalement ne sont qu'une manière de redistribuer les revenus du pétrole en maintenant des réseaux clientélistes. Ce qui est clair, c'est que le taux de remboursement est endémiquement faible, d'où ce rappel à l'ordre de la Banque centrale. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 26/11/2018 à 13h40