Algérie. Dérive répressive: Louisa Hanoune finalement arrêtée

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Le 09/05/2019 à 18h40

Alors qu'elle avait été convoquée comme simple témoin, Louisa Hanoune, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT) algérien a finalement été placée sous mandat de dépôt par le tribunal militaire. En d'autres termes, elle devra passer par la case prison, pour les besoins de l'enquête.

La formation politique de la députée démissionnaire n'a pas tardé à réagir en dénonçant une "dérive gravissime" que représente la détention préventive de celle qui occupe les fonctions de secrétaire générale du parti. En effet, Louisa Hanoune devrait passer ce jeudi 9 mai sa première nuit en prison. 

"Tous les Algériennes et Algériens savent que le Parti des travailleurs a combattu depuis sa fondation, en 1990, pour l’Assemblée constituante souveraine en vue de l’avènement de la démocratie véritable et pour la souveraineté populaire. Il n’a jamais dévié de cette ligne directrice de sa politique", explique le document signé par le Secrétariat permanent du bureau politique (SPBP) du PT. 

Les responsables du parti communiste algérien rappellent en outre que leur formation s'était clairement prononcée contre un "cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika" et que leur groupe parlementaire avait préféré "démissionner de l'Assemblée nationale populaire". 

Mais selon le secrétariat du Parti des travailleurs, ce que reproche le régime militarisé algérien à Louisa Hanoune, c'est sans doute de n'avoir jamais eu sa langue dans sa poche quand il s'agissait de dénoncer "les manœuvres visant à contourner la révolution populaire exigeant le départ du système dont la prétendue transition qu’ils veulent faire déboucher sur la présidentielle du 4 juillet 2019".

"Pour le SBP, c’est une dérive gravissime, un acte de criminalisation de l’action politique indépendante et l’expression d’une volonté de mise au pas des militants et activistes par le pouvoir de fait", poursuit le communiqué.

Il lance un appel "à toutes les Algériennes et à tous les Algériens, à ceux qui partagent ou non nos positions, pour s’opposer à cet acte anti-démocratique qui est dirigé contre la révolution du 22 février".

Cette arrestation confirme la dérive répressive que tout le monde craignait. Le message de l'armée est très clair. Ceux qui s'aventureront à s'opposer aux idées de Gaïd Salah subiront le même sort que Louisa Hanoune.Ahmed Gaïd Salah l'a répété à plusieurs reprise, et pas plus tard que ce lundi 6 mai. La revue El Djeich, organe de l'armée nationale populaire, a repris les éléments de ce langage menaçant du vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'armée.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 09/05/2019 à 18h40