Vidéo. Algérie: un 13è vendredi de contestation, face à la nervosité du régime

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Le 17/05/2019 à 13h22, mis à jour le 18/05/2019 à 14h07

VidéoLe contexte de ce 13e vendredi de manifestations en Algérie est assez particulier. Il marque l'échec de la proposition d'Ahmed Gaïd Salah pour l'organisation d'une présidentielle le 4 juillet ou pour voir le mouvement s'essouffler durant ce mois de ramadan.

Ira-t-on vers une confrontation entre la police et les manifestants en ce 13e vendredi de protestations? En déployant un impressionnant dispositif policier, aussi bien dans les points stratégiques qu'aux principaux axes d'entrée de la capitale, le régime est décidé à mettre fin à cette révolution qui dure depuis à présent trois longs mois. 

Ainsi, sur la place Maurice-Audin, face à la Grande Poste, principal point de ralliement des manifestants, des centaines de policiers et des dizaines de véhicules anti-émeutes ont été déployés. Cela n'a pas empêché les Algériens de venir s'y rassembler en faisant face aux forces de l'ordre. 

A l'entrée d'Alger, sur les principaux axes, les contrôles ont été renforcés. La police et la gendarmerie ont reçu l'ordre de ne laisser passer que les véhicules portant une immatriculation les rattachant à la capitale. 

La multiplication des mesures restrictives est le reflet de l'agacement, voire de la nervosité, du régime algérien, qui comptait sur le ramadan pour enfin voir le mouvement de contestation s'essouffler, et qui constate avec effroi que rien ne se déroule selon ses prévisions.

Non seulement les Algériens continuent de sortir en très grand nombre dans la rue, aussi bien à Alger que dans les autres villes, mais les étudiants sont en train de donner un second souffle à la révolution. 

De plus, c'est dans un contexte bien particulier que devraient se dérouler les manifestations de ce vendredi 13 mai, bien particulier.

En effet, au vu de la détermination des Algériens à obtenir gain de cause, Ahmed Gaïd Salah et ses acolytes se rendent à cette évidence: il sera décidément impossible d'organiser un scrutin présidentiel le 4 juillet prochain. Pourtant, cette élection avait été présentée comme étant l'unique solution de sortie de crise par le régime en place à Alger. 

Au total, 73 dossiers de candidature ont bel et bien été retirés au près du ministère de l'Intérieur, mais selon la presse, aucun de ces prétendants à la présidence ne remplit réellement les conditions, même si trois d'entre eux sont issus de partis politiques.

Les candidats ont jusqu'à ce dimanche 19 mai pour se porter officiellement candidats, et le site d'information Tout sur l'Algérie croit savoir qu'à trois jours du délai d'expiration, "aucune copération de collecte de signature n'a été enregistrée", et ce, dans aucune partie du territoire algérien, "ni auprès des citoyens ni parmi les élus". 

Ayant vu toutes ses propositions rejetées par la rue, Ahmed Gaïd Salah a renoncé à prononcer des discours. Ce mardi, pour la première fois, le chef d'état-major de l'armée algérienne est resté aphone.

Va-t-il alors décider du report de la présidentielle, comme l'exigent les Algériens, qui réclament aussi son départ et celui du système?

Cette option est très probable. Mieux encore, un report de la présidentielle du 4 juillet signifie l'entrée dans une période d'inconstitutionnalité, puisque Abdelkader Bensalah aura alors également épuisé le délai de 90 jours que lui offre la constitution pour organiser l'élection et céder sa place au président élu.

La conséquence de tout cela est l'inéluctable solution politique dont Ahmed Gaïd Salah ne veut entendre parler, au point d'emprisonner tout ceux qui insistent pour sa mise en place.

C'est le cas de Louisa Hanoune, leader du Parti du Travail (PT -opposition), actuellement en état d'arrestation, dont le groupe parlementaire avait d'emblée démissionné de ses responsabilités au sein de l'Assemblée Populaire Nationale, allant ainsi dans le sens de la demande formulée par les manifestants.

Louisa Hanoune avait exigé une solution politique, affirmant craindre que la démarche de Gaïd ne s'apparente à celle de Abdelfattah Al-Sissi.

Résultat: elle est incarcérée, après avoir été entendue par le tribunal militaire de Blida. Le général Houcine Benhadid également a eu droit au même sort, après avoir publié une lettre ouverte adressée à Gaïd Salah où il avait affirmé que l'unique solution à l'actuelle crise que traverse l'Algérie est politique. 

En attendant que le général de corps d'armée ne se prononce sur le report de l'élection et accepte son échec, les intructions données à la justice continuent de secouer le landerneau politique.

Ainsi, l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia a de nouveau été entendu comme témoin dans l'affaire contre Ali Haddad, alors que Tayeb Belaiz, ex-président du Conseil constitutionnel, a été auditionné au sujet de l'affaire Saïd Bouteflika et des généraux Mohamed Médiène et Athmane Tartag, tous trois actuellement incarcérés. 

Par Djamel Boutebour
Le 17/05/2019 à 13h22, mis à jour le 18/05/2019 à 14h07