Algérie: Ahmed Gaïd Salah ne fait plus peur aux Algériens

DR

Le 19/06/2019 à 13h56, mis à jour le 19/06/2019 à 13h57

Non seulement Ahmed Gaïd Salah ne parvient plus à tromper les Algériens sur ses intentions, mais ces derniers ne se gênent plus plus le lui faire comprendre, aussi bien lors de leurs manifestations, que dans la presse.

Alors qu'au début des manifestations, les Algériens appelaient l'armée à se ranger du côté du peuple, ils ont vite compris qu'Ahmed Gaïd Salah, le généralissime chef d'état-major des armées, voulaient leur confisquer leur révolution.

Malgré le recours excessif de ce dernier à l'appareil judiciaire et les menaces qu'il profère à intervalles réguliers, il n'inspire plus aucune peur à ses compatriotes.

Dans les rues d'Algérie, les manifestants sont de plus en plus nombreux à le prendre pour cible, alors que les politiques lui crachent à la figure, sans cesse, leurs quatre vérités. 

Le dernier tacle en date contre Gaïd Salah, vient de Mohcine Belabbes, le leader du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RDC).

Ce leader politique a ainsi clairement affirmé sur sa page Facebook, en citant nommément Ahmed Gaïd Salah, qu'il "feint d'oublier que les deux dernières réformes constitutionnelles (celles de 2008 et 2016) n'ont pas été adoptées par le peuple [par voie référendaire, Ndlr], mais par un parlement issu de la pire des fraudes électorales que l'Algérie n'a jamais connues."

Dans ce même post, il dénonce "l'acharnement" de Ahmed Gaïd Salah, qui cherche à "imposer des desideratas tout en se berçant d'illusions sur les bienfaits du respect de la Constitution".

Mohcine Belabbes qualifie également de "ruse" la démarche initiée par le vice-ministre de la Défense, dont l'unique objectif reste la perpétuation d'un système qui, "depuis 1962, est à l'origine des problèmes que connaît l'Algérie". 

Du côté des manifestants, les étudiants, qui sortent dans les rues du pays tous les mardis, ont bien compris le jeu d'Ahmed Gaïd Salah et ne se gênent aucunement pour le lui faire savoir et lui dire ce qu'ils pensent des solutions qu'il propose. 

Ainsi, lors des manifestations de ce dix-septième mardi consécutif de protestations estudiantines, ce 18 juin, selon un témoignage recueilli par le site d'information en ligne Tout sur l'Algérie, une jeune étudiante, Maria, dit en avoir "marre" et n’être en rien convaincue par "la chasse aux sorcières ouverte à l’encontre des personnalités politiques proches du président démissionnaire, Abdelaziz Bouteflika".

Maria affirme ainsi qu'elle, tout comme ses camarades, ne sont "pas dupes". "Il faut d’abord nettoyer la justice, ces magistrats corrompus (…)Il faut des gens intègres", poursuit-elle.

Même si le nom de Gaïd Salah n'est pas cité une seule fois par cette jeune Algérienne, il ne fait aucun doute que cette charge lui est destinée, puisque qu'il est l'auteur de cette "chasse aux sorcières" de la justice qu'elle dénonce avec virulence. 

Et sur le quotidien El Watan de ce mercredi, le rejet de Gaïd Salah se fait de manière nettement plus directe. Pour ce quotidien algérois, en effet, "le chef d’état-major de l’armée, comme de coutume, n’a pas échappé aux critiques", et évoque notamment les slogans hostiles à son endroit: "Gaïd Salah dégage!", 'Gaïd Salah arrêtez de jouer, le pouvoir au peuple" et "Gaïd Salah Sorry, le peuple n’est pas naïf". Ambiance...

Par Djamel Boutebour
Le 19/06/2019 à 13h56, mis à jour le 19/06/2019 à 13h57