Algérie: la grosse bourde du Premier ministre Bedoui au sujet du maréchal Haftar

Le maréchal Khalifa Haftar et Abdelkader Messahel, alors ministre des Affaires étrangères de l'Algérie.

Le maréchal Khalifa Haftar et Abdelkader Messahel, alors ministre des Affaires étrangères de l'Algérie. . DR

Le 10/07/2019 à 11h23, mis à jour le 10/07/2019 à 11h45

Le Premier ministre algérien a tenu, lors d'une réunion, des propos graves à l'endroit du maréchal Khalifa Haftar qu'il estime ne rien représenter sur le plan régional et international. Une dérive qui rappelle les menaces que Khalifa Haftar avait formulées contre Alger en septembre dernier.

Noreddine Bedoui a-t-il oublié les menaces de guerre directement formulées par Khalifa Haftar en septembre dernier, pour oser encore s'attaquer à lui? 

Bien que l'Algérie se soit décrétée médiatrice dans le conflit lybien, ses responsables aux commandes gouvernementales ont bien du mal à dissimuler leur proximité avec le gouvernement de Fayyez El-Sarraj, en place à Tripoli.

Mais cette fois-ci, le Premier ministre algérien, Noureddine Bedoui, est allé trop loin, en tenant des propos offensant, voire insultants, contre l'homme fort de l'Est libyen. 

Lors d'une rencontre avec Fathi Bachaga, le ministre de l'Intérieur du gouvernement de Tripoli, il a affirmé que "le maréchal Khalifa Haftar ne représente rien par rapport à l’importance de la Libye tant au plan régional qu’international".

Cette déclaration a été rapportée par le eb média de la chaîne qatarie Al Jazeera.

Malgré leur évidente gravité, ces propos n'ont pas été officiellement démentis par les responsables algériens, ni par un communiqué, ni à travers une dépêche de l'agence officielle d'information, Algérie Presse Service (APS).

Est-ce là une manière pour Noureddine Bedoui de les assumer et de confirmer, par là, le rôle de "pompier pyromane" que joue sans cesse l'Algérie? On ne saurait dire le contraire.

Toujours selon Al Jazeera, le Premier ministre algérien aurait déclaré qu'il est nécessaire que "le président de l’Union Africaine dévoile nommément les pays qui menacent la stabilité de la Libye".

Une manière bien étrange d'interpeller le chef de l'Etat égyptien, Abdelfattah Al-Sissi, lequel, quant à lui refuse ce jeu de dupe, puisque qu'il n'a jamais caché son soutien à Khalifa Haftar. 

Officiellement, les autorités algériennes veulent se poser en médiateurs dans le conflit opposant les frères libyens de l'Est et de Tripoli.

Mais dans les faits, ses responsables gouvernementaux font tout pour faciliter le travail du chef du gouvernement installé à Tripoli, Fayyez El Sarraj. 

Lors du sommet extraordinaire de l'UA, qui s'est tenu à Niamey, au Niger, le week-end dernier, lors de son intervention, une journée avant de rencontrer le maréchal Khalifa Haftar, Noureddine Bedoui a pourtant, et le plus officiellement du monde, émis de toutes autres déclarations.

"La dégradation continue de la situation sécuritaire en Libye nous oblige à une plus grande mobilisation pour contribuer au rapprochement des différents points de vue de nos frères libyens aux fins de trouver une solution permettant de dépasser les divergences et de faire valoir l’intérêt supérieur du pays", a-t-il déclaré en substance. 

Quoi qu'il en soit, la déclaration qu'attribue Al Jazeera au Premier ministre algérien constitue une véritable erreur diplomatique de sa part, lui qui n'a jamais été légitime dans son pays même, et qui désormais ne plus se targuer d'exercer ses responsabilités selon la loi fondamentale de son pays, depuis hier. En effet le mardi 9 juillet était la date marquant la fin du délai constitutionnel de 90 jours accordé au président par intérim, Abdelkader Bensalah, pour qu'il quitte le pouvoir et soient organisée une élection présidentielle. 

Dans les différentes instances l'Union africaine, nul n'a jamais osé tenir pareils propos.

A Niamey, le week-end dernier, la question libyenne a été à l'ordre du jour, mais les membres de l'organisation continentale ont unanimement appelé à la fin des hostilités, sans pour autant condamner une partie ou une autre, ce qui n'aurait fait qu'envenimer une situation déjà inextricable. 

Il convient de rappeler qu'en septembre 2019, le maréchal Haftar avait adressé un message ferme aux autorités algériennes, qui étaient alors revenus sur leurs propos. 

«Les Algériens ont trouvé une occasion pour entrer en Libye, et lorsqu’on a découvert ça, j’ai envoyé le général Abdelkrim à Alger pour expliquer que ce qui a été fait par l’Algérie était loin d’être fraternel», avait alors expliqué le maréchal lors d’une allocution faite le 8 septembre 2018 devant des représentants des coordinations des affaires sociales. 

"Nous pouvons transférer la guerre de notre côté à l’autre en quelques instants", avait-il, de plus, menacé.

Suite à ces propos sans appel, les Algériens avaient alors décidé de tempérer leurs propos, du moins officiellement.

Noureddine Bedoui, qui était alors ministre de l'Intérieur sous le gouvernement de Ahmed Ouyahia, a décidément la mémoire bien courte. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 10/07/2019 à 11h23, mis à jour le 10/07/2019 à 11h45