Algérie. Appel au dialogue: les Algériens veulent des mesures d'apaisement d'abord

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Le 26/07/2019 à 11h31

La présidence algérienne est en train de faire des concessions afin de convaincre les Algériens à aller vers une présidentielle. La classe politique et la société civile estiment qu'il faut également mettre en place les conditions d'une vraie rupture.

Alors que pouvoir algérien vient de proposer six personnalités, apparemment neutres, pour mener un dialogue inclusif, les Algériens ne veulent pas se laisser distraire.

Oui au dialogue, mais il leur faut des préalables, notamment concernant la libération des détenus d'opinion.

Le quotidien Liberté Algérie a recueilli les réactions de plusieurs acteurs politiques ou de la société civile, lesquels confirment cette exigence. 

Pour Soufiane Djilali, secrétaire général du parti Jil Jadid, le pouvoir est en train d'adopter plusieurs propositions qui avaient auparavant été faites par l'opposition, comme le choix de six personnalités neutres, sans aucune appartenance politique, et la liberté qui leur est donnée de consulter la personne qu'elles jugeront utile pour des propositions. Ce qui est une bonne chose en soi, selon ce leader politique, mais qui est loin d'être suffisant. 

"Maintenant, on attend les conditions pour que le dialogue démarre. Ces conditions que pratiquement toute l’opposition a réclamées, c’est la libération des détenus d’opinion, ce sont des mesures d’apaisement qui doivent être prises. On a vu ce matin d’ailleurs, et il faut le saluer, la levée des restrictions judiciaires sur l’avocat Salah Dabouz", a-t-il déclaré.

Soufiane Djilali a également salué la promesse faite par la présidence algérienne de garantir la transparence de la présidentielle qui sera organisée à l'issue du dialogue. 

De son côté, Lyes Mrabet, président de la Confédération des syndicats algériens, abonde dans le même sens, estimant que "si la médiation ou le panel de médiateurs n’a qu’un seul et unique objectif, celui d’organiser la présidentielle, ce n’est pas suffisant. Je suis de ceux qui pensent qu’il faut revenir à une situation de légitimité et de combler la vacance du président de la République". 

Selon lui, la rupture à laquelle aspirent les manifestants algériens depuis cinq mois ne saurait être limitée à la lutte contre le corruption que mène Ahmed Gaïd Salah.

Il faut "aller vers la reconstruction de cette nouvelle Algérie, et entamer les autres chantiers, notamment la révision de la Constitution et des lois qui ont trait à l’activité politique et à l’activité des associations", estime Lyes Mrabet. 

Ce 23e vendredi de manifestations à travers tout le pays sera aussi l'occasion pour les Algériens de réagir à la proposition de Bensalah concernant le dialogue.

A l'heure où cette article est mis en ligne, les manifestants sont en train de rejoindre le centre-ville d'Alger, d'Oran, de Constantine, de Tizi Ouzou, etc.

Selon le site d'information Algérie 1, devant la Grande Poste d'Alger, place Maurice-Audin, ils scandent "un Etat civil et non un Etat militaire", le même slogan que la semaine dernière. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 26/07/2019 à 11h31