Algérie. Assassinat de Boudiaf: son fils accuse François Mitterrand et quatre généraux algériens

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Le 20/08/2019 à 09h10, mis à jour le 20/08/2019 à 09h32

Revue de presseLe fils de l’ancien président algérien assassiné Nacer Boudiaf accuse un ancien président français et 4 généraux, dont deux sont encore vivants, d’être à l'origine de l’assassinat de son père. Il explique la principale raison de cet assassinat et promet le dépôt d’une plainte en septembre prochain.

Du nouveau dans l’affaire de l’assassinat jamais encore réellement élucidé de l’ancien président du Haut comité d’Etat de la République algérienne, Mohamed Boudiaf, tué le 29 juin 1992 à Annaba.

Cette fois, c’est son fils Nacer Boudiaf qui accuse, dans un entretien accordé à un journal égyptien, Arabi 21, repris par les médias algériens dont Observalgérie.com, l’ancien président français François Mitterrand, d'ailleurs cité dans d’autres assassinats de présidents africains dont, tout particulièrement, celui de Thomas Sankara, l'éphémère président du Burkina Faso. 

Quatre généraux de l’armée algérienne, dont deux sont encore en vie actuellement, sont également accusés d'être impliqués dans l’assassinat de son père. 

Pour Nacer Boudiaf, le meurtre de Mohamed Boudiaf est le résultat d’un «vaste complot impliquant des généraux de l’armée».

Il cite à cet égard les généraux les plus puissants de l’Algérie de l’époque, à savoir Mohamed Mediène, dit "Toufik", ancien puissant patron de la DRS, Khaled Nezzar, ancien ministre de Défense, Larbi Belkheir, ministre de l’Intérieur de l’époque, décédé en 2010, et Abdelmalek Guenaizia, ancien chef d’état-major de l’armée algérienne, décédé quant à lui plus récemment, en février 2019.

«J’accuse le général Nezzar de l’assassinat [de Mohamed Boudiaf, Ndlr] car il était ministre de la Défense à l’époque et membre du Haut-comité de l’Etat, et c’est lui qui a oeuvré à convaincre Boudiaf de revenir de son exil au Maroc et prendre en charge la Présidence», annonce le fils de l'ancien président assassiné dans son compte Facebook.

En plus de ces quatre généraux, le complot de l’assassinat de Boudiaf aurait aussi reçu l’aval de François Mitterrand.

Nacer Boudiaf est ainsi convaincu du soutien de l’ancien président français, expliquant qu’il a été conforté dans son hypothèse par la sortie du livre de l’ex-ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, qui y a affirmé que «la France n’aurait pas laissé Boudiaf accomplir sa mission».

Ainsi, contrairement aux conclusions des enquêtes officielles menées par les autorités algériennes, Nacer Boudiaf explique que «l’assassinat de [son] père n’était pas une piste isolée», mais "politique".

Deux facteurs ont joué dans la décision d’assassiner Mohamed Boudiaf, selon son fils: son projet de mettre fin à l’existence politique du FLN, un parti dont il fut l'un des fondateurs, et sa volonté d’éloigner l’armée de la politique.

Enfin, le fils de Boudiaf ne compte pas en rester là. Sa famille envisage de déposer, en septembre prochain, une plainte contre les responsables de l’assassinat de Mohamed Boudiaf.

Il faut dire que le contexte actuel s’y prête, avec l’emprisonnement du général Toufik et la fuite du général Khaled Nezzar, pour lequel le régime algérien a déjà lancé un mandat d’arrêt international.

De plus, du fait que les puissants généraux de l’époque –Toufik et Nezzar tout particulièrement, et le système qui les protégeait n'exercent plus d'influence, Ahmed Boudiaf espère que le contexte algérien actuel, marqué par un importat mouvement populaire de contestation, sera l'opportunité idoine pour rouvrir ce dossier sombre de l'histoire d'Algérie.

Par Karim Zeidane
Le 20/08/2019 à 09h10, mis à jour le 20/08/2019 à 09h32