Somalie: voici pourquoi l'ONU refuse d'appliquer aux Shebabs les mêmes sanctions qu'à Daech

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Le 30/08/2019 à 17h19, mis à jour le 30/08/2019 à 17h21

Le Kenya qui souhaitait obtenir contre les Shebabs somaliens des sanctions identiques à celles contre les membres de Daech et Al-Qaïda n'a pas été entendu par le Conseil de Sécurité de l'ONU.

Finalement, le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas accédé à la requête du Kenya qui espérait que la communauté internationale place les Shebabs sous le même régime de sanctions que les extrémistes de Daech. Une décision qui en surprend plus d'un. Surtout si l'on sait qu'au cours des dernières années, le Kenya a été victime de plusieurs attaques ayant fait plusieurs dizaines de morts, y compris dans la capitale Nairobi. 

Cependant, ce sont surtout la France et les Etats-Unis, deux membres permanents du Conseil de sécurité, et quatre autres pays, qui se sont opposés à cette décision. Le projet de résolution n'avait donc pas de chance de passer. 

Il faut dire que beaucoup de diplomates et d'Organisations non-gouvernementales (ONG) avaient montré leur scepticisme face à la proposition kenyane, à cause des conséquences qu'elle pourrait avoir. 

En effet, le régime de sanctions contre Daech et Al-Qaïda exclut l'exception humanitaire qui permet aux ONG de venir en aide aux populations se trouvant dans les régions encore sous le contrôle des Shebabs. Car, elles risqueraient alors d'être accusées de financer les groupes terroristes et pourraient faire l'objet de poursuites, notamment aux Etats-Unis ou de restrictions de la part de leurs contributeurs. 

Alors que Daech et Al-Qaïda ne contrôlent plus de territoires au Moyen-Orient, les Shebabs, quant à eux, sont les mâitres absolus de vastes régions dans le sud de la Somalie qu'ils gèrent comme de véritables Etats. Ils y collectent des taxes, rendent la justice, érigent des barrages routiers et contrôlent encore une bonne partie de l'administration locale. 

Evidemment, l'une de leurs principales sources de financement reste le détournement de l'aide internationale. C'est une réalité qui n'échappe ni à la France, ni aux Etats-Unis, ni aux quatre autres nations qui se sont opposées à la demande du Kenya. Néanmoins, les conséquences d'une suppression totale de l'aide ou une interdiction de l'activité des ONG auraient été désastreuses, y compris dans les régions contrôlées par le gouvernement de Mogadiscio. 

Car aujourd'hui, ce ne sont pas moins de 4 millions de Somaliens qui dépendent de l'aide humanitaire, dont au moins un million d'enfants souffrant de malnutrition. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 30/08/2019 à 17h19, mis à jour le 30/08/2019 à 17h21