Les choses commencent à s'éclaircir dans le procès des deux ex-Premiers ministres et des 4 oligarques. Comme on pouvait s'y attendre, il est question de sale politique et d'argent plus sale encore. De beaucoup d'argent, pour le financement de la campagne de Abdelaziz Bouteflika.
39 milliards de centimes, soit 390 millions de dinars ou quelque 3,26 millions de dollars venant d'un seul homme. 39 milliards donnés, pratiquement sous le manteau, à un intermédiaire, pas n'importe lequel. Puisque ce dernier, généreux donateur, aurait également donné 180 milliards. Voilà quelques-unes des croustillantes révélations des deux premiers jours de procès qui montre le niveau de corruption et de gabegie dans l'Algérie de Bouteflika, laquelle n'a fait que changer de maître, les méthodes étant restées identiques.
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Les 39 milliards sont ceux que Ahmed Mazouz a bien voulu remettre comme modeste contribution pour le financement de la campagne de Bouteflika, alors candidat à un cinquième mandat. Selon ses propres déclarations devant le tribunal, la somme a été remise à Ali Haddad, ancien patron des patrons algériens, en liquide dans son bureau. Pas de reçu, pas de virement bancaire, pas de chèque qui auraient laissé des traces, mais en espèces sonnantes et trébuchantes.
Pourquoi Ali Haddad? Parce que, c'était lui le plus proche de Saïd Bouteflika, parmi tous les hommes d'affaires du régime. D'ailleurs, c'est Ali Haddad, l'homme des 180 milliards de centimes, soit 1,8 milliard de dinars ou encore 1,5 millions de dollars. Des chiffres qui donnent le tournis, d'autant qu'ils ne sont justifiés que par des "on-dit".
"On m’a dit que tout le monde a payé, alors moi aussi j’ai payé", dit le pauvre homme d'affaires à la barre. Gérait-il ses entrerprises avec autant de légèreté, est-on tenté de lui demander? En réalité, ces patrons algériens sont ceux qui ont profité des largesses du pouvoir, notamment en ce qui concerne la mise en place des unités de montages automobiles ou des marchés publiques dans le secteur du BTP, comme Ali Haddad.
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Pratiquement aucun d'eux n'a été contraint de respecter le cahier de charge, mais cela ne les a pas empêchés d'empocher des centaines de millions de dinars en subventions et autres exonérations. Ainsi, Mazouz reconnaît qu'il n'a pas eu d'associé étrangers pour mettre en place son unité de montage de camions. Peu importe, il a été éligible au programme mis en place par Ahmed Ouyahia et avant lui Abdelmalek Sellal.
Si ces deux ex-Premiers ministres sont égalementy attraits à la barre, c'est parce qu'il ont trempé dans cette magouille d'Etat. Sellal sera d'ailleurs enfoncé par son fils, Farès. Ce dernier avoue avoir pris 23% du capital du groupe Mazouz, avec comme apport, son seul savoir-faire. Hallucinant.
Plus étonnant encore, son père, Abdelmalek, jurera sur tous les saints n'avoir pas été informé des agissements de son fils.
Visiblement, on est au coeur du plus grand scandale de l'Algérie depuis l'indépendance, mais pourtant ce procès n'étonne pas du tout les Algériens qui savent que les mêmes pratiques sont en train de se perpétuer sous le régime de Ahmed Gaïd Salah. Quelques hommes sont tombés jetés à la vindicte populaire, mais le système avec ses règles est toujours en place.