Algérie-Turquie. Ankara supprime l'obligation d'un visa d'entrée à certains Algériens

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Le 27/12/2019 à 15h11, mis à jour le 28/12/2019 à 18h13

La Turquie vient d'autoriser certaines catégories de voyageurs algériens à se rendre sur son territoire sans qu'un visa d'entrée délivré par ses autorités consulaires ne soit nécessaire. Une décision prise par Recep Tayyip Erdogan dans un contexte régional particulier. Explications.

Un décret signé par le président Recep Tayyip Erdogan, hier jeudi 26 décembre, annonce la suppression du visa à deux catégories de voyageurs Algériens.

Ainsi, les jeunes de moins de 15 ans et les personnes âgées de plus de 65 ans, détenteurs de passeports ordinaires algériens, pourront accéder au territoire turc, sans avoir à demander un visa au préalable.

Cette décision est valable pour les voyageurs de cette catégorie dont les durées de séjours en Turquie ne dépassent pas 90 jours au maximum.

Une décision qui a été annoncée au lendemain de la fermeture des services consulaires chargés de réceptionner les demandes de visas de l’ambassade turque à Alger, et ce, jusqu’à nouvel ordre.

Rappelons néanmoins que fin août dernier, la Turquie avait décidé de durcir les conditions d’octroi de ses visas d'entrée aux ressortissants algériens, et avait annulé la délivrance de visas électroniques aux Algériens dont l'âge est compris entre 18 et 35 ans.

Seulement, la signature de ce décret présidentiel s’inscrit dans un contexte régional particulier, marqué par l’engagement turc aux côtés des dirigeants libyens après une offensive lancée par le maréchal Khalifa Haftar surTripoli. 

La Turquie d’Erdogan, alliée du Gouvernement d’union nationale (GNA), a décidé d’envoyer des troupes dans ce pays, dès le début de l'année prochaine, pour faire face à cette offensive du maréchal Khalifa Haftar, qui est, par ailleurs, soutenu par l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes unis. 

«Nous soutiendrons par tous les moyens le gouvernement de Tripoli, qui résiste contre un général putschiste soutenu par des pays arabes et européens», a souligné Erdogan dans l'un de ses récents discours. 

A ce titre, le président turc ne veut pas isoler davantage son pays du reste du monde arabe. Et dans ce contexte, Ankara cherche des alliés au niveau du Maghreb, notamment les voisins de la libye: Tunisie et Algérie. E tous les coups son bons pour amadouer les voisins maghrébins de la Libye. 

C'est donc à ce titre qu'il s’est rendu le mercredi 26 décembre en Tunisie afin de chercher un soutien de Tunis dans sa décision. 

Il est significatif de constater à cet égard que le président tunisien, Kaïs Saïed, a souligné, hier, en conférence de presse au palais de Carthage en présence de son homologue turc, que son pays ne sera jamais membre d’une coalition.

Et à Alger, le déploiement à venir de forces turques en Libye est considéré comme hostile. Les généraux aux commandes du pouvoir considérant que l'envoi de troupes de l'armée turque à ses frontières Est équivalait à une menace égale ou supérieure à celle que représente, pour eux, le maréchal Haftar et ses alliés.

La convocation par le nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune, hier, à Alger, d'une réunion du Haut conseil de sécurité (HCS) s'inscrit d'ailleurs dans cette logique.

Selon des sources officielles algériennes, le HCS «a examiné la situation dans la région, notamment au niveau des frontières avec la Libye et le Mali».

Par Karim Zeidane
Le 27/12/2019 à 15h11, mis à jour le 28/12/2019 à 18h13