Algérie: comme son prédécesseur, le général Chengriha se rend à Dubaï

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Le 24/02/2020 à 12h10, mis à jour le 24/02/2020 à 12h29

A l'image de Ahmed Gaïd Salah, Saïd Chengriha, le nouveau chef d'état-major de l'armée algérienne s'est lui aussi rendu à Dubaï. La question qui se pose est de savoir pourquoi les généraux algériens aiment-ils tant courir sous le soleil ardent des Emirats arabes unis.

Feu Ahmed Gaïd Salah, pendant la période où il tenait l'Algérie d'une main de fer, s'était rendu à Dubaï auprès de Mohamed Ben Zayed, à une fréquence tellement élevée que beaucoup considéraient cette connivence comme une forme d'allégeance.

Son successeur Saïd Chengriha, le nouveau chef d'état-major général des armées algériennes, répète lui aussi l'exercice.

La semaine dernière, il s'est rendu discrètement aux Emirats arabes unis. Mais, contrairement à Ahmed GaÏd Salah qui aimait parader en tenue militaire, Chengriha a choisi la sobrieté d'un costume cravate de couleur bleu nuit.

Sûrement un message pour dire qu'il ne s'agit pas d'un voyage officiel, contrairement à son prédécesseur qui mettait en bandoulière ses qualités de chef d'Etat officieux et d'allié de Dubaï. Cela confirmerait alors son discours. Il a régulièrement déclaré, depuis sa nomination en tant que successeur par intérim de Ahmed Gaïd Salah, que l'institution militaire n'allait plus s'occuper de politique et, par ricochet, plus de diplomatie.

Néanmoins, il lui sera difficile de réussir cette manoeuvre de faire croire qu'il tourne définitivement la page de l'ère Gaïd Salah. En effet, les généraux neutres et apolitiques restent dans les casernes et ne sont surtout pas reçus comme des chefs d'Etat quand ils sont supposés effectuer des voyages privés.

De toute évidence, Saïd Chengriha pourra difficilement expliquer pourquoi les chefs de l'armée algérienne aiment tant se rendre à Dubaï, un pays que l'on sait être le plus grand soutien de Khalifa Haftar, actuellement en guerre contre le gouvernement d'entente nationale (GNA) de Fayez El-Serraj, dans la Libye voisine.

Il est établi qu'Ahmed Gaïd Salah autorisait les avions émiratis remplis d'armes à faire escale en Algérie avant de les livrer au camp de l'Armée nationale libyenne. Alors, un voyage s'inscrivant dans la continuité ou bien y aura-t-il vraiment rupture?

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 24/02/2020 à 12h10, mis à jour le 24/02/2020 à 12h29