Algérie: furieux, Karim Tabbou, figure de la contestation, interpelle Macron

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Le 24/11/2020 à 08h07, mis à jour le 24/11/2020 à 08h08

Karim Tabbou, figure emblématique de la contestation en Algérie, a interpellé vertement lundi le président français Emmanuel Macron, après le soutien de ce dernier à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, l'accusant d'"hypocrisie politique".

"Votre appui affiché pour le régime algérien, un des plus liberticides de la Méditerranée, dévoile votre mauvaise foi et votre hypocrisie politique", lance M. Tabbou, visage très populaire du mouvement de protestation populaire "Hirak", en ajoutant qu'"aujourd’hui les masques sont bien tombés!".

Dans un entretien publié vendredi par l'hebdomadaire Jeune Afrique, M. Macron a salué le "courage" de M. Tebboune --hospitalisé en Allemagne après avoir contracté le nouveau coronavirus-- et promis de "faire tout (son) possible pour l'aider" dans la "période de transition" que vit l'Algérie.

Dans une lettre au vitriol publiée sur son compte Facebook, l'opposant algérien juge que "derrière cette position se cache de façon pernicieuse l’idée que les pays du Sud en général et l'Algérie en particulier sont (...) politiquement vulnérables et inaptes à la démocratie".

Pour lui, le soutien de M. Macron à M. Tebboune réaffirme "l’attachement viscéral des autorités françaises à l’idée que le pouvoir algérien reste et demeure un allié incontournable et prétendument seul garant de la stabilité de l’Algérie".

"Au nom de quelle valeur, quelle morale et quel principe démocratique, pouvez-vous justifier votre caution à un pouvoir arrogant qui emprisonne des journalistes, bafoue les libertés publiques et soumet la justice à son diktat", demande-t-il.

Chef d'un petit parti d'opposition non agréé, l'Union démocratique et sociale (UDS), M. Tabbou a été détenu neuf mois avant une libération conditionnelle le 2 juillet dernier.

Il doit être jugé fin novembre pour "atteinte au moral de l'armée", à la suite de déclarations critiquant le régime et l'armée en mai 2019.

"Monsieur le Président, l’Histoire retiendra qu’à un moment (...) crucial où l’espoir a émergé et les horizons ont commencé à se dégager pour une jeunesse algérienne avide de vie et de bonheur, vous avez choisi le monde des affaires en vous acoquinant honteusement avec un régime pourvoyeur de violence, d’exclusion", déplore l'opposant.

Les propos de M. Macron à Jeune Afrique ont été très mal perçus dans les rangs de l'opposition et par de nombreux médias qui ont dénoncé une "ingérence".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 24/11/2020 à 08h07, mis à jour le 24/11/2020 à 08h08