Pour Abdelmadjid Tebboune, il est possible à l'Algérie de se tirer d'affaire dans les deux ans à venir, alors que l'économie du pays va à vau-l'eau. Il projette le retour à l'équilibre de la balance des paiements dès 2021, au plus tard en 2022. Il compte pour cela agir sur les importations de biens de consommation.
Ainsi, après les interdictions d’importation d’un millier de produits, la fin des importations de kits automobiles et électroménagers et la surtaxation de certains produits pour décourager leur importation, le président algérien annonce encore une maitrise des importations. Tout en soulignant que la facture des importations a été réduite de 10 milliards de dollars en 2020, par rapport à la facture de 2019, "grâce à la production, à la maitrise de la surfacturation et à l’application d’un contrôle plus sérieux de certains services".
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Il tient ce discours avec une nonchalance déconcertante, comme s'il suffisait d'un claquement de doigts pour ramener l'équilibre de la balance des paiements. C'est presque la même attitude qu'il adopte quand il nie les pénuries que vivent les Algériens. Pour lui, il n'y en a aucune.
Concernant la prochaine législative du 12 juin, il estime que l'important n'est pas que le peuple algérien y adhère ou pas. "Quel que soit le taux de participation aux élections, nous exigeons qu’elles soient intègres, transparentes et fassent ressortir celui qui mérite la confiance du peuple", lance-t-il sans se rendre compte du paradoxe de ses propos.
C'est dire que, pour le chef de l'Etat algérien, il n'y a aucun nuage à l'horizon. Pourtant, la réalité est bien différente. D'abord concernant les pénuries, les Algériens ont de plus en plus de mal à trouver huile de table, lait, voire médicaments, sans parler de la liquidité bancaire inexistante dans certains bureaux de poste.
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Pour les médicaments, par exemple, c'est l'éminent professeur Kamal Bouzid qui vient démentir le chef de l'Etat algérien dans une interview accordée ce mardi 6 avril au site d'information Tout sur l'Algérie et publiée sous le titre évocateur "Je vois mourir des enfants cancéreux faute de médicaments". D'après le Syndicat national des pharmaciens d'officine, à fin décembre 2020, ce ne sont pas moins de 325 médicaments qui étaient introuvables en Algérie.
Et encore à ce jour, certains malades ou leurs proches sont obligés de demander à leurs amis et connaissances qui vivent à l'étranger de les aider à se procurer des médicaments dont ils ont besoin pour se soigner. Il est dont difficile de nier l'évidence de la pénurie.
De la même manière, les vidéos montrant les bousculades pour se procurer des denrées alimentaires comme le lait ou l'huile de table ne laissent aucun doute sur la pénurie.
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Pas plus tard que ce week-end, les habitants d'Aïn El Melh, wilaya de M'Sila sont sortis manifester contre la pénurie de liquidité dans leur bureau de poste, une situation qui rappelle celle de l'été passé où dans plusieurs villes, les retraités et les salariés n'ont pu récupérer leurs pensions ou leurs rémunérations mensuelles.
Autre évidence que n'a pas voulu admettre Tebboune, le désaveu par la classe politique et par le Hirak des législatives qui auront lieu le 12 juin prochain. Le Front des forces socialistes (FFS), plus vieux parti d'opposition, ainsi que plusieurs autres formations politiques ont affirmé clairement qu'ils n'y prendront pas part. Alors que chaque semaine, les manifestants ne cessent ne les dénoncer, affirmant qu'ils n'ont pas besoin d'élection, mais d'un changement radical du régime en place. Abdelmadjid Tebboune sait que le taux de participation risque d'être encore plus faible que celui du référendum de novembre dernier qui n'était que de 23%. Comment a-t-il pu alors estimer que l'important est d'avoir un processus transparent, quand il sait que les Algériens disent ne pas être concernés? La question se pose de savoir s'il organise les prochaines législatives pour lui ou pour que les citoyens se choisissent des représentants.
De plus, le président Tebboune a tout simplement fait le choix d'éviter d'aborder bien d'autres problèmes, comme le chômage qui atteint des niveaux records ou encore l'échec de la gestion de la pandémie. Pour ce qui est du chômage, l'économie du pays qui a été affectée par la succession de crise a perdu des centaines de milliers d'emplois comme le confirme le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Khelloufi, affirmant que quelque 150.000 employés ont été mis au chômage.
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Pour ce qui est la pandémie, le manque de vaccins a fait que la campagne s'est soldée par un échec, comme ce fut le cas pour les masques de protection, les tests RT-PCR et tant d'autres matériels de lutte anti-Covid-19 comme les respirateurs, l'oxygène, etc.
Visiblement, Tebboune était plus dans un exercice de propagande que de réelle communication digne d'un chef d'Etat lors de ses déclarations du week-end dernier. Pour sûr, il est en train de regarder ailleurs, quand le navire Algérie dont la barre lui a été confiée par l'armée prend l'eau de toute part.