Algérie: Wassini Bouazza, de général-major à soldat de première classe, ou l’art d’humilier les personnes déchues

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Le 25/05/2021 à 14h01, mis à jour le 25/05/2021 à 16h59

L’ancien général major Wassini Bouazza, ex-responsable de la Direction générale de la sécurité intérieure, tombé en disgrâce, est rabaissé par sa hiérarchie militaire qui a décidé de le dégrader à «Djoundi». Humilier les déchus semble être une constante de la gouvernance du président Tebboune.

La descente aux enfers se poursuit pour le général major Wassini Bouazza, ex-premier responsable de la Direction générale de la sécurité intérieure, et un des hommes de l’ombre de l’ancien homme fort d’Algérie, feu Ahmed Gaïd Salah.

Tombé en disgrâce suite au décès brutal de son mentor, Bouazza a été arrêté et se trouve depuis en prison.

Seulement, l’humiliation de cet ancien homme fort de la sécurité intérieure algérienne semble ne pas connaître de limites. Après avoir été arrêté comme un malfrats et jeté en prison, Wassini Bouazza connaît l’ultime humiliation que peut encourir un haut gradé de l’armée. Le Conseil de discipline militaire a infligé à l’ex-directeur du renseignement intérieur la lourde sanction de «cassation de grade et de la remise au rang de djoundi». En clair, l’ancien homme fort des renseignements est dégradé au rang d’homme de troupe, selon El Watan.

Pour rappel, Bouazza a été condamné à des peines de réclusion, l’une de 8 ans pour les délits d’«outrage à corps constitué», «faux et usage de faux», et «détention d’armes et de munitions de guerre» et l’autre de 16 ans pour «trafic d’influence », «infraction aux consignes de l’armée», «entrave à la justice» et «enrichissement illicite».

Pour sa défense, Bouazza a répété qu’il n’a fait qu’exécuter les ordres du défunt chef d’état-major de l’armée et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, son protecteur.

Ainsi, son déferrement devant le Conseil de discipline militaire était le dernier acte visant essentiellement à humilier l’homme en le dégradant du grade de général à un simple homme de troupe.

Et cette décision vient d'en haut, sachant que le Conseil de discipline militaire est un organe non permanent qui se réunit à la demande du ministre de la Défense qui n’est autre que le président de la République Abdelmadjid Tebboune.

Cet acte vient en effet couronner tout un processus d’humiliations. Arrêté le 13 avril 2020 par les enquêteurs de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), juste après son limogeage, Bouazza a été interrogé sur plusieurs dossiers sensibles relevant de son département et de ceux de l’élection présidentielle, notamment du rôle de la DGSI dans le lobbying favorable à Azzeddine Mihoubi, candidat à la présidentielle de 2019.

Il a ainsi été victime d’une guerre que se livraient les généraux algériens lors de la présidentielle 2019. Ayant misé sur le mauvais cheval et suite au décès de son mentor, il était devenu vulnérable. Le nouvel homme fort de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, avec l’aval du président Tebboune qui ne lui a pas pardonné son soutien à son concurrent direct lors de la présidentielle, se devait de le mettre hors d'état de nuire et pour longtemps avec la pire humiliation pour un général, le ramener au rang d’homme de troupe.

Il faut dire que l’art d’humilier ses anciens hauts gradés et hautes personnalités politiques est devenue une coutume pour le régime algérien. Preuve en est, toutes les arrestations des généraux: Mohamed Médiane dit Toufik, le général Altmane Tartag dit Béchir, de Saïd Bouteflika amenés au tribunal avec des menottes lors de leur arrestation.

Le comble a été l’humiliation faite à l’ancien grand commis de l’Etat algérien et ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a été autorisé à sortir de prison pour assister à l’enterrement de son frère, mais menotté et entouré de toute une horde de sécuritaires au cimetière, et ce, en présence de tous les médias du pays.

Une scène qui a fait le tour du monde et porté un coup terrible à l’image de l’Algérie, mais pas à ses dirigeants. Eux se réjouissaient de l'humiliation infligée à l’ex-Premier ministre qui avait succédé à Tebboune à la primature en 2017 après un passage éphémère d’un peu plus de 2 mois en tant que chef du gouvernement –du 25 mai au 15 juin 2017.

Un passage durant lequel Saïd Bouteflika et des oligarques avaient marginalisé l’actuel président, ce qu'il n'a pas oublié, lors des funérailles de feu Reda Malik au cimetière El Alia. Acte qu’il qualifiera plus tard de «provocation» avant que sa chute ne lui soit communiquée par son remplaçant Ahmed Ouyahia,..., qui croupit depuis en prison. 

En clair, l’humiliation est devenue une règle pour Tebboune et ses soutiens de la grande muette qui ne devraient pas oublier que les victimes d’aujourd’hui étaient les bourreaux d’hier et que le roue ne fait que tourner,…

Par Karim Zeidane
Le 25/05/2021 à 14h01, mis à jour le 25/05/2021 à 16h59