En Algérie, la chasse contre les Kabyles s'intensifie et prend des formes de plus en plus inquiétantes. Le régime kidnappe littéralement des citoyens, sans donner de leurs nouvelles et sans fournir la moindre explication à leurs proches. Après l'enlèvement de Kamira Naït Sid, mardi 24 août 2021 à Mirabeau, ou Draa Ben Khedda non loin de Tizi Ouzou, c'est au tour de Zyna, sa petite sœur, d'être kidnappée par des éléments qui appartiendrait à la police algérienne.
C'est ce qu'a annoncé leur frère, Amer, dans une vidéo où il s'exprime, en tamazight, en arabe et en français, avec une fatigue perceptible dans sa voix et sur son visage.
"Je suis fatigué", dit-il. "Ils ont enlevé ma deuxième sœur, Zyna. Une voiture est venue et l'a amenée", poursuit-il. "S'ils veulent prendre mes enfants, mes petits-enfants, et moi, ma mère, ma deuxième sœur et ma femme, c'est nous qui allons venir", ironise-t-il, malgré lui.
L'affaire Kamira Naït Sid est digne des méthodes de la Gestapo, la fameuse police secrète nazie qui servait à se débarrasser des opposants au régime d'Hitler. Alors qu'elle vivait cachée depuis plusieurs mois, selon le site d'information kabyle Vava Innova, Kamira Naït Sid a été kidnappée le 24 août et ce n'est que "trois jours plus tard que les services algériens ont informé qu'elle avait été arrêtée et qu’elle était entre leurs mains suite à un mandat d’arrêt contre elle". Les services secrets algériens lui reprocheraient d'avoir des liens avec le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation que le régime algérien a récemment classé comme un groupe terroriste.
La semaine dernière, suite à cet enlèvement, l'avocat français Gilles William Goldnadel, dénonçait le silence des médias français face au drame qui se joue en Kabylie où le régime algérien bafoue systématiquement les droits de l'homme.
Lire aussi : Vidéo. Algérie: William Goldnadel dénonce le silence des médias français après la disparition d'une leader amazighe
Depuis quelques semaines, Alger a intensifié la répression vis-à-vis de la Kabylie, mettant en œuvre la politique "Zéro Kabyle", théorisée par Ahmed Gaïd Salah, avant sa mort et poursuivie par le général Wassini Bouazza. Après avoir déclaré le MAK organisation terroriste et émis un mandat d'arrêt international contre Ferhat Mehenni, le président du gouvernement provisoire kabyle, le régime mène une véritable chasse à l'homme contre les leaders et activistes de cette région.