Les autorités algériennes essaient par tous les moyens d’étouffer le mouvement populaire de contestation. Ainsi, les rassemblements pacifiques en solidarité avec les détenus d’opinion qui se sont déroulées pour la deuxième journée consécutive dans plusieurs localités de la Kabylie, notamment à Kherrata (Béjaïa), ont été durement réprimées par les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes.
Suite à cette intervention, de nombreux blessés ont été recensés parmi les manifestants qui ont résisté aux charges des forces de l’ordre, déployées en masse. Plusieurs dizaines d’arrestations ont également été signalées.
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A travers cet usage de la force, les autorités tentent surtout d’éteindre toute tentative de reprise des mouvements de contestations populaires, sachant que Kherrata est une des villes à l’avant-garde du Hirak. D’ailleurs, les manifestants réclamaient «la libération des détenus du Hirak» et l’«instauration d’un Etat de droit». En somme, des slogans qui n’ont rien à voir avec la Kabylie.
Pourtant, le régime continue de vouloir casser le Hirak en faisant croire que tout le mal du pays vient des mouvements kabyles qu’il faut durement réprimer. Il faut dire que si les autorités ont réussi à réduire fortement le Hirak dans le reste du pays, notamment à Alger, les contestations populaires en Kabylie étaient restées vivaces avant que les manifestants ne décident d’une trêve sanitaire face à la 3e vague du Covid-19.
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Et face à la décrue annoncée des contagions au Covid-19 et aux mesures d’assouplissement prises, les autorités algériennes cherchent à anticiper une reprise des manifestations populaires dans les grandes villes algériennes, notamment en Kabylie. Ainsi, profitant de la diabolisation des mouvements kabyles qu’elles ont orchestrée, dans le sillage des incendies de forêts et de l’assassinat de Djamel Bensmail, elles tentent d’en finir avec les contestations pacifiques des citoyens en Kabylie, en arrêtant tous les leaders des contestations et en réprimant durement les manifestants. D’où cette chasse à l’homme qui cible les leaders des mouvements kabyles taxés d’accointance avec le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK). Un mouvement pacifiste considéré depuis mai dernier comme une organisation terroriste par Alger et ce, afin de mieux cacher ses desseins. D’où les arrestations de Djamel Ikni, des sœurs Kamira et Zina Naït Sid…
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Ainsi, selon Saïd Alhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH), «le fait de s’attaquer à Kherrata, c’est s’attaquer au Hirak. Nous ne doutons pas qu’à travers tout ce qui se passe ces jours-ci, c’est le Hirak qui est visé. Le pouvoir a décidé d’en finir définitivement, y compris en s’en prenant à Kherrata, symbole du Hirak». C'était déjà dan cette ville de Kherrata qu’avait eu lieu, le 16 février 2019, la première grande manifestation populaire contre le 5e mandat de Bouteflika.