Fidèle à sa logique visant à terroriser les opposants et à les avertir de ce qui les attend, le régime algérien ne connaît assurément pas de limite. Il vient d'exposer, dans une humiliante vidéo diffusée sur la plateforme YouTube, Mohamed Benhalima, un ancien militaire algérien très actif sur les réseaux sociaux, extradé par l'Espagne. Les images portent indubitablement atteinte à la dignité humaine et ont été produites dans le seul but de terroriser les autres opposants se trouvant notamment à l'étranger et de leur montrer le sort qui leur sera réservé, à eux aussi.
C'est un homme hagard qui sort d'un avion, menottes aux poignets, les mains derrière le dos et ne sachant visiblement pas trop ce qui lui arrive. Il est maintenu longtemps à la porte de l'avion pour le photographier sous tous les angles, comme une bête de foire. Le comité d'accueil est composé de forces de l'ordre, notamment les éléments de la redoutable B.R.I, la Brigade de recherches et d'intervention, présentée par un groupe de choc de la police algérienne.
L'un des limiers lui tient les revers de sa veste pour le faire descendre de l'appareil aux couleurs de l'Espagne. Il le fait entrer ensuite dans le véhicule de police, qui l'attend au pied de la passerelle, gyrophares allumés.
Lire aussi : Un ex-militaire algérien, devenu opposant politique, arrêté en Espagne
L'homme, qui filme avec un téléphone portable, fait sans doute partie des forces de l'ordre et le suit jusque dans la voiture. Et, toujours les mains menottées, on fait enfiler à cet opposant un gilet pare-balles.
Et enfin, deux gorilles lui tiennent compagnie sur les sièges arrières du véhicule, sans doute pour s'assurer que l'individu ne puisse se libérer de sa camisole de force et de ses menottes pour ensuite s'évader.
En somme, le jeune homme de 32 ans, qui n'a commis d'autre délit que d'émettre régulièrement à travers la plateforme YouTube une opinion farouchement opposée aux agissements du régime algérien, est traité comme un dangereux terroriste ou un vulgaire bandit de grand chemin.
Le régime algérien vole une nouvelle fois au ras des pâquerettes, comme il l'a toujours fait à l'encontre des dissidents. Cette méthode rappelle le viol du jeune étudiant, Walid Nekiche, par les services secrets algériens, alors qu'il était en détention provisoire. Ce jeune homme, à l'encontre duquel le procureur de la République requérait une peine de prison à perpétuité, avait finalement été relâché. Chez les militants du Hirak, la diffusion de ces images réveillent également le souvenir d'un viol. Celui, orchestré par les services de police, qu'avait subi lors de sa garde à vue Saïd Chetouane, un adolescent de 15 ans...
Dans l'intervalle de sept mois, c'est le deuxième opposant algérien que l'Espagne livre à la junte militaire. Après Mohamed Abdellah, un ancien gendarme également très actif sur les réseaux sociaux, c'est donc au tour de Mohamed Benhalima d'être livré à ses bourreaux. Les porte-voix de la junte ont vite fait de s'emparer des images de Benhalima sur le tarmac d'un aéroport algérien pour terroriser les autres opposants. Les prochains sur la liste, ont claironné les dictaphones du régime, sont la journaliste Manar Mnasri, qui vit en Turquie, et un ancien policier Abderrazak Sakhi, qui dénonce régulièrement sur les réseaux sociaux la corruption et l'impéritie de la junte algérienne. Honteux!