Algérie: Karim Tabbou, figure du Hirak, relâché après une détention inexpliquée

DR

Le 01/05/2022 à 10h38

L'opposant Karim Tabbou, l'une des figures du mouvement prodémocratie en Algérie, a été relâché samedi après 24h de détention, sans explications sur les raisons de son arrestation, a annoncé son avocat.

"L'homme politique Karim Tabbou a été libéré après avoir été détenu pendant 24 heures et doit comparaître (de nouveau, ndlr) devant la police le 4 mai", a annoncé son avocat, Toufik Belala, sur Facebook. L'avocat, injoignable, n'a pas donné d'autres explications.

Samedi, le frère de l'opposant, Djaffar, avait dénoncé son maintien en détention et le fait que M. Tabbou ait été "arrêté arbitrairement et d'une manière terrifiante, sans lui donner le droit de contacter ni sa famille ni un avocat".

"A quoi joue encore le pouvoir, à quoi répond cette nouvelle escalade?", s'interrogeait également la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) sur Facebook.

La dernière activité publique de M. Tabbou a été sa participation jeudi aux obsèques de Hakim Debbazi, militant du Hirak, le soulèvement populaire pacifique entre février 2019 et début 2020.

Le décès après deux mois de détention de M. Debbazi, 55 ans, a suscité une vague d'émotion en Algérie.

Dans une autre publication samedi, la LADDH a réitéré sa demande d'une enquête sur la mort de M. Debbazi. "La LADDH attend toujours la vérité sur les circonstances de la mort de Debbazi en prison".

Dans une publication sur Facebook datée du 26 avril, M. Tabbou a rendu les autorités responsables de son décès, alors qu'il était détenu depuis la fin février pour des publications sur les réseaux sociaux.

"Morts physiquement, les martyrs des causes justes sont plus que vivants", indiquait M. Tabbou dans sa publication, avant d'ajouter: "Bien sûr que le pouvoir demeure et demeurera le seul et unique responsable de sa mort".

Karim Tabbou, 47 ans, a purgé une peine d'un an de prison en 2020 pour "atteinte à la sûreté nationale", en raison d'une vidéo sur le compte Facebook de son parti où il critiquait l'ingérence de l'armée dans les affaires politiques.

Chef d'un petit parti d'opposition non agréé par les autorités, l'Union démocratique et sociale (UDS), il est l'un des visages les plus populaires du Hirak.

Selon le CNLD (Comité national pour la Libération des détenus), environ 300 personnes sont encore emprisonnées en Algérie en lien avec le Hirak ou la défense des libertés individuelles.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 01/05/2022 à 10h38