C’est le Rwanda qui a été élu pour recevoir le siège de l’Agence africaine du médicament (AMA) à l’issue du vote des membres du conseil exécutif de l’Union africaine qui ont préféré Kigali à Alger, lors de ce scrutin tenu vendredi soir, 15 juillet 2022, à Lusaka, en Zambie.
Les deux pays étaient en concurrence pour abriter le futur siège de cette nouvelle institution panafricaine.
Afin de remporter cette élection, Alger n’a pas lésiné sur sa diplomatie en dépêchant à Lusaka son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et celui de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed.
N'ayant pas accepté le consensus qui devait désigner le Rwanda pour accueillir le siège puisqu'étant le pays le mieux noté par l'équipe des experts indépendants de l'Union africaine lors de l'évaluation des candidats, Alger a poussé les représentants du Conseil exécutif au vote. Et celui-ci a été une déroute pour l'Algérie.
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Pire, «usant de différents stratagèmes, l’Algérie a essayé d’appuyer son offre pour abriter le siège de l’AMA par la promesse d’une subvention financière d’environ 200 millions de dollars ainsi qu’une prise en charge de l’ensemble des frais pour l’opérationnalisation du siège durant les deux premières années. Néanmoins, cette offre a été ignorée», souligne un média sénégalais, Senego. Ce site d'information ajoute que le chef de la diplomatie algérienne est allé jusqu'à «proposer à la délégation rwandaise le soutien algérien pour attribuer la direction générale de l’AMA au Rwanda en échange de son désistement au profit de la candidature algérienne dans une flagrante violation des principes démocratiques et diplomatiques». Des comportements qui ont irrité les autres représentants du continent, et du Rwanda bien évidemment.
Et l'Algérie a été sanctionnée lors du vote. 82% des voix sont allées au Rwanda.
Ainsi, ayant perdu face au Rwanda, Alger a accusé un «fort lobbying contre la candidature de l’Algérie», selon une source proche du dossier algérien citée par le site d'information Tout sur l'Algérie (TSA). Où est alors «le retour en force de la diplomatie algérienne sur la scène internationale»?
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TSA est même allée jusqu’à souligner que «le Conseil exécutif de l’UA a voté pour le Rwanda, petit Etat de l’Afrique de l’Est, avec une population de 12 millions d’habitants, un taux de pauvreté de 55%, et un PIB de 10,3 milliards de dollars (2020)». Oubliant certainement que s’il ne fallait compter que sur ces indicateurs, l’Egypte, avec ses 105 millions d’habitants, une des industries pharmaceutiques les plus développées du continent et le second PIB d'Afrique derrière le Nigéria, n’aurait pas été éliminée de la course.
Il faut noter qu’au-delà du leadership du président rwandais, Paul Kagame, et son panafricanisme, le Rwanda faisait partie des premiers pays africains à avoir cru à l’intérêt de cette institution et a même été le premier pays du continent à signer le traité et à ratifier l’accord de la création de l’AMA, en décembre 2019, suivi du Mali.
La gouvernance, l’implication et l’influence de Paul Kagame au sein de l’Union africaine ont certainement apporté un plus à la candidature de ce pays.
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Toutefois, si le Rwanda a pu obtenir la première note de l’équipe d’experts africains indépendants mise en place par la Commission de l’Union africaine pour évaluer les 8 pays candidats au départ, c’est qu’elle s’est concoctée un dossier solide et que les pays du continent sont certains d’avoir fait le meilleur choix.
Rappelons que l’Agence africaine du médicament (AMA), relevant de l’Union africaine, calquée sur le modèle de l’Agence européenne du médicament (EMA), est une agence de réglementation des produits pharmaceutiques, à vocation scientifique et industrielle, à même de stimuler l’intégration africaine pour la production de médicaments répondant aux besoins du continent africain.