Cette année encore, les habituels points de vente de moutons sont installés un peu partout dans la capitale sénégalaise. On en compte cette année, une quarantaine, selon le ministère de l'Elevage.
L'offre est suffisamment variée pour satisfaire toutes les bourses. Cependant, les prix sont souvent déterminés en fonction des endroits. Ainsi, ils vont de 55.000 à 300.000 francs CFA, soit entre 95 à 512 dollars, dans la plupart des foirails. Cet écart de prix est confirmé par Mamadou Salif Diao, éleveur au nord du Sénégal, qui affirme avoir envoyé quelque 2000 têtes de petits ruminants vers divers lieux de vente du pays.
Mais, à ce prix-là, il s'agit souvent d'un mouton issu de l'élevage sénégalais de transhumance, ou importé de la Mauritanie ou du Mali voisins.
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Car, au niveau du quartier de Liberté 5, les moutons se vendent à prix d'or. Pour les béliers de race Laadoum, Bali-Bali ou Tchadienne, les plus prisées par les éleveurs professionnels, il faut compter au moins 750.000 Fcfa, soit quelque 1280 dollars. Et les prix peuvent aller jusqu'au double de ce montant, soit pas moins de 1,5 million de Fcfa, ou quelque 2560 dollars environ.
Ces moutons dits "de case", en référence au type d'élevage intensif dans les domiciles, y compris en plein coeur de la capitale sénégalaise, sont le fruit d'une rude sélection. Les propriétaires connaissent jusqu'à plusieurs générations, le pedigree de chaque animal.
Au Mali, où la production ovine est excédentaire, le mouton reste très abordable, cette année. En effet, les prix varient entre 45.000 et 300.000 francs, selon le site d'information MaliWeb. Mais la plupart des familles ne déboursent pas plus de 75.000 francs pour s'offrir le mouton du sacrifice rituel, soit à peine 128 dollars. Pourtant, à ce niveau de prix déjà, cet organe de presse estime que "le mouton est intouchable".
Faisant témoigner un vendeur, Maliweb affirme que "la situation est intrigante" du fait que les revendeurs ont du mal à s'approvisionner. Est-ce lié au conflit ethnique entre Peuls et Dogons dans le centre du Mali? Il est probable que oui, puisque beaucoup de convoyeurs de bêtes ont renoncé à amener les troupeaux un peu plus vers le sud.
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Autre pays, le Nigeria, où les prix ont été impactés par l'instabilité dans la vaste zone sahélienne. En effet, à cause de Boko Haram, il est de plus en plus difficile d'amener les animaux des zones d'élevage vers celles de consommation. L'essentiel du cheptel nigérian se trouve dans le Nord du pays, vers Kanu et Maiduguri, là où sévissent Abubacar Shekau et ses acolytes terroristes.
Pour convoyer les béliers de Tabaski vers Abuja, il faut l'aide des militaires, et payer plus de 1000 dollars à un camionneur. Au final, il faut compter autour de 65.000 à 100.000 nairas pour avoir droit à un bon mouton mâle pour l'Aïd el Kébir, soit 180 à 275 dollars.
Le Nigeria, qui compte 90 millions de musulmans, a toujours été déficitaire en ce qui concerne les petits ruminants. Une partie est importée du Niger et du Tchad voisins, deux pays de grande production ovine et caprine.
Evidemment, comme partout ailleurs en Afrique de l'Ouest, certains spécimens sont vendus à prix d'or et peuvent atteindre 150.000 nairas, soit approximativement 415 dollars.
En Tunisie, comme dans le reste du Maghreb, les prix sont déterminés au kilogramme. Cette année, l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP) estime que le prix oscille entre 12 et 12,5 dinars le kilo pour les moutons de race Barkous, ce qui correspond à 600 et 625 dinars en moyenne pour un bélier de 50 kg, soit 210 à 220 dollars.
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Par rapport à l'année précédente, les professionnels tunisiens estiment qu'il y a une légère hausse des prix, essentiellement liée au renchérissement du fourrage et l'aliment pour bétail.
En Algérie, le contexte politique a influé sur les prix des béliers de sacrifice. Selon le quotidien El Watan, il faut compter entre 35.000 et 90.000 dinars, soit de 292 à 752 dollars, un niveau nettement supérieur à celui des années précédentes. Cette évolution serait liée à la hausse des coûts d'embouche. En moyenne, l'aliment de bétail est 24% plus cher cette année qu'en 2018.