Depuis quelques mois, les prix de presque tous les produits flambent en Algérie. Aux nombreuses pénuries de produits se sont greffés les effets de la dépréciation du dinar algérien du fait d’une dévaluation déguisée de la monnaie locale et de la hausse des cours de nombreux produits, notamment agricoles, sur le marché international, notamment les céréales, les oléagineux,…
Du coup, et de manière tout à fait logique, les prix de presque tous les produits, notamment alimentaires flambent, soutenus actuellement par la forte demande de denrées alimentaires durant le mois de Ramadan.
Quelques chiffres sur les prix des produits alimentaires relevés par les différents médias algériens permettent d’avoir une idée sur la situation difficile que traversent les ménages algériens.
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Ainsi, la tomate, la courgette, la carotte, les haricots verts sont vendus à respectivement 180, 100, 90 et 300 dinars le kilo. Quant aux viandes, les prix sont intouchables. Si le kilo du poulet est vendu entre 390 et 450 dinars, il faut 1.400 dinars pour obtenir le kilo de viande bovine et 1.800 dinars pour celui de steaks. Quant aux fruits de mer, ce sont uniquement les riches qui peuvent s’en procurer quand on sait que le kilo de crevettes se vend à 3.600 dinars le kilo et celui du calamar à 1.500 dinars le kg. Au rayon des fruits, il faut débloquer 280 dinars pour le kilo de la banane et 420 dinars pour celui de la fraise.
Même la pomme de terre, un produit de large consommation et dont le prix était de 50-60 dinars, il y a quelques jours, a connu une très forte hausse et se vend actuellement à 90-100 dinars le kilo, soit une hausse de 66,67%. Les conditions météorologiques et la forte demande du produit durant le mois de Ramadan sont avancées pour expliquer l’envolée du prix de la pomme de terre.
Et même pour les dattes dont l’Algérie se targue d’être le 4e producteur mondial, le kilo est désormais vendu à 650 dinars le kilo.
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En clair, avec ces prix, il faut entre 6000 et 10.000 dinars pour remplir le panier de la ménagère et ce, en évitant certains produits alimentaires devenus désormais des produits de luxe pour la classe moyenne algérienne. Pour ceux qui touchent le salaire national minimum garanti de 18.000 dinars, tout est presque devenu du luxe.
C’est dire que pour une famille gagnant 18.000 dinars, ces petits achats grèvent déjà le quart du budget. C’est dire que la situation est invivable sachant que le salaire moyen en Algérie est de 36.000 dinars. Un salaire qui ne permettrait au final à une famille de vivre qu’une dizaine de jours durant le mois.
C’est dans ce contexte que l’enseignant universitaire et expert en économie Mohamed Benazzouz, qui intervenait lors d’une journée d’étude sur le pouvoir d’achat organisée par la Confédération des syndicats algériens (CSA), et cité par El Watan, a souligné qu’ils sont «34% de travailleurs à être sous la menace de la pauvreté», en se basant sur de «simples calculs tirés des données fournies par la Banque mondiale». Pour arriver à cette conclusion, il explique que la Banque mondiale affirme «qu’une famille algérienne, de 5 personnes, a besoin de 70.000 dinars pour vivre sans dettes. Avec un Salaire national minimum garanti (SNMG) de 18.000 dinars le constat de pauvreté s’impose de lui-même».
Or, comme l'avait bien signalé le directeur général des Impôts, Amel Abdelatif, en mai 2020, 5 millions de salariés algériens ont un revenu mensuel inférieur à 30.000 dinars. Ce nombre correspondant à 45,5% des 11 millions de salariés du public et du privé du pays. C'est dire que le chiffre de 34% de travailleurs sous la menace de la pauvreté est même sous estimé.
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Allant dans le même sens, un autre économiste, Ahmed Chafir Ahmine, a souligné que le pouvoir d’achat des algériens s’est effrité à tel point que «les salaires qui pouvaient suffire 15 à 20 jours ne tiennent plus que 8 à 10 jours. Ce qui est totalement grave». Selon l’expert en économie, cette situation dramatique a provoqué l’incapacité de nombreuses familles algériennes à vivre décemment.
Et comme si la flambée des prix ne suffisait pas, les pénuries de produits alimentaires sont légions et concernent tous les produits de première nécessité, particulièrement l'huile de table, le lait, la sardine, etc. Les bousculades pour se procurer de cette denrée essentielle pour la cuisson se multiplient.
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Quant aux autorités, dépassées par la situation, ils brillent tous par leur absence. Personne ne souhaite assumer sa responsabilité face à cette situation critique et explosive. Il faut dire qu’ils sont désarmés face à la situation sachant que celle-ci n’est que le reflet d’une conjoncture économique marquée par une crise financière aiguë depuis quelques années dans le sillage de la chute du baril de pétrole et qui a épuisé les avoirs extérieurs en devises du pays poussant les autorités à une politique drastique de réduction des importations, y compris des matières premières et des produits intermédiaires nécessaires au fonctionnement des industries algériennes.
Enfin, cette flambée des produits alimentaires signe un arrêt au mensonge étatique faisant état d’une progression notable de la production agricole algérienne qui dépasserait 25 milliards de dollars. Sachant que l’Algérie n’exporte presque pas de produits agricoles, on est en droit de demander où est passée cette production qui devrait permettre au pays d’être autosuffisant pour de nombreux produits, au lieu de pénuries touchant presque tous les produits.