Vidéos. Alger offre de l'oxygène à la Tunisie, alors que ses hôpitaux en subissent une grave pénurie

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Le 24/07/2021 à 14h30, mis à jour le 24/07/2021 à 14h33

VidéoAlors que l'Algérie a offert jusqu'à 100.000 m3 d'oxygène à la Tunisie, paradoxalement ses propres hôpitaux connaissent une grave pénurie de ce produit indispensable pour la prise en charge des cas graves de Covid-19.

En Algérie, la situation est tellement grave que beaucoup tirent la sonnette d'alarme, que ce soient les réseaux sociaux, les médias électroniques, et bien sûr le personnel médical.

Le site d'information Tout sur l'Algérie a du mal à comprendre la générosité de l'Algérie vis-à-vis de son voisin de l'Est, alors que les médecins qu'il a interrogés disent être en situation de pénurie d'oxygène. "La situation peut paraître paradoxale. Au moment où les Tunisiens, peuple et officiels, expriment leur gratitude à l’Algérie pour avoir évité l’asphyxie à leur pays en expédiant des caravanes de camions chargés d’oxygène, les hôpitaux du pays crient au manque de ce produit vital pour les malades du Covid", écrit-il.

Il relaie ainsi les propos du professeur Salah Lellou de l'établissement hospitalier universitaire d'Oran qui reconnaît que des "malades sont morts, faute d'oxygène", d'après le site qui constate que les réseaux sociaux sont inondés de vidéos dénonçant la situation dans les hôpitaux.

"Certaines vidéos sont devenues virales, comme celle montrant une ambulance arrivant en catastrophe dans un hôpital, transportant les précieuses bouteilles qui vont sauver des vies", explique toujours le site Tout sur l'Algérie. La situation est tellement grave que certains opportunistes trouvent le moyen de s'enrichir en doublant le prix "des bouteilles d'oxygène et des concentrateurs".

Pourtant, comme souvent, les chiffres officiels devaient permettre aux Algériens d'être rassurés car, "430.000 litres d’oxygène liquide sont produits quotidiennement, soit l’équivalent de 400 millions de litres d’oxygène gazeux, de quoi prendre en charge des dizaines de milliers de malades", d'après les dernières confirmations du ministre de la Production pharmaceutique algérien, Lotfi Benbahmed.

Le problème n'est donc pas au niveau de la production d'oxygène, mais se pose concernant la logistique de transport et le matériel nécessaire pour l'administrer au malade. C'est d'autant plus problématique que l'Algérie est un pays vaste comme 12 fois le Sénégal ou 7,4 fois la Côte d'Ivoire. De plus, certaines régions sont délaissées. En effet, si la capitale est en difficulté, le reste du pays souffre encore plus.

En tout cas, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, ne semble plus parler le même langage que son homologue de la Production pharmaceutique. Car pour lui, "le problème qu’on a, et pour lequel nous sommes tous mobilisés, c’est le problème de l’oxygène. Notre production était suffisante, mais ce n’est plus le cas. Avec la hausse surprise des contaminations, dans tous les pays, la production est devenue insuffisante".

"On savait très bien que l’épidémie n’était pas terminée, qu’il fallait revoir surtout le circuit d’approvisionnement et de distribution de l’oxygène. D’autant qu’en ce moment, tous les hôpitaux ont besoin en même temps de quantités importantes d’oxygène. De leur côté, les fournisseurs n’arrivent pas à suivre en matière de distribution", explique pour sa part le docteur Yousfi de l'hôpital de Boufarik, de la wilaya de Blida.

De plus, beaucoup mettent en doute encore une fois les chiffres de la pandémie communiqués par le ministère de la Santé qui fait état d'à peine 1.300 cas quotidiens actuellement, alors que les hospitalisations se font à un rythme presque équivalent. C'est ce qui explique d'ailleurs que les établissements de santé soient littéralement débordés.

Aujourd'hui, une cellule sanitaire d'urgence a été créée par la primature algérienne pour faire face à une situation devenue ingérable. Mais, "sur le terrain, la situation est alarmante. Les hôpitaux ne manquent pas seulement d’oxygène, mais aussi de lits pour recevoir tous les malades qui affluent", constate Tout sur l'Algérie.

D'ailleurs le ministre de la Santé a été le premier à dire que "la situation était inquiétante". Si les choses n'évoluent pas positivement dans les jours à venir, avec une baisse des contaminations quotidiennes, le système sanitaire algérien ne tardera pas à s'effondrer.

Or, l'insouciance est telle qu'en "dépit de la hausse des cas de contamination et de la saturation des hôpitaux, les Algériens continuent à aller à la plage, dans les cafés, les restaurants, à assister aux enterrements et aux mariages, sans aucun respect des mesures barrières", conclut le site d'information.

Par Djamel Boutebour
Le 24/07/2021 à 14h30, mis à jour le 24/07/2021 à 14h33