Covid-19: l’Algérie décide d'importer de l'oxygène pour pallier la sévère pénurie

Un malade de Covid-19 respirant grâce à une bonbonne d'oxygène (illustration).

Un malade de Covid-19 respirant grâce à une bonbonne d'oxygène (illustration).. DR

Le 09/08/2021 à 13h15, mis à jour le 09/08/2021 à 13h19

De nombreux patients sont décédés faute d’oxygène. Les autorités ont décidé d’importer de l’oxygène par bateau pour faire face à la pénurie. Une nouvelle preuve que les chiffres du gouvernement ne reflètent pas la gravité réelle de la situation épidémiologique du pays.

Malgré des chiffres rassurants, l’Algérie fait face à une grave pénurie d’oxygène qui touche de nombreux hôpitaux. Et de nombreux malades ne sont pas admis dans les hôpitaux faute de lits et décèdent à cause de la pénurie d’oxygène. Or, l’oxygène est vital pour le traitement des cas graves de personnes infectées. Du coup, de nombreux décès sont liés au manque d’oxygène.

Conséquence, afin d’éviter cette situation catastrophique, de nombreux Algériens se sont mis à la quête de bouteilles d’oxygène pour leurs proches en détresse respiratoire.

Face à cette situation, et malgré les mesures prises pour doter les hôpitaux des moyens de production autonomes avec notamment l’importation des concentrateurs et des générateurs d’oxygène, le déficit en oxygène devenait inquiétant face à la hausse des cas de Covid-19. Ainsi, 3.000 appareils générateurs d’oxygène seront livrés cette semaine afin d’atténuer la pression sur la demande d’oxygène dans les hôpitaux.

Toutefois, le déficit en oxygène est tel que ces appareils ne permettront pas de faire face à la pénurie. Du coup, l’importation d’oxygène restait la seule alternative possible pour faire face à la pénurie. Le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé l’importation de 100.000 litres d’oxygène par bateau. Il a en outre annoncé l’augmentation de la production locale à 470.000 litres, contre 360.000 litres actuellement, avec la mise en service d’une nouvelle unité de production à Oran.

Pourtant, le nombre de cas annoncés quotidiennement par les autorités algériennes est globalement bas. Une situation qui pousse de nombreux Algériens à croire que la pandémie est maitrisée et à ne pas respecter les mesures édictées par les autorités alors que la réalité est autre. En effet, le nombre faible de cas s’explique uniquement par le nombre très faible de tests réalisés en Algérie.

Ces pénuries d’oxygène consécutives à la saturation des hôpitaux viennent confirmer que les données avancées par les autorités sanitaires algériennes sont très fortement biaisées. En effet, lors de la journée du 8 août, les autorités ont enregistré seulement 1020 nouvelles contaminations, et 30 décès contre 1140 cas et 33 décès la veille. Et toujours selon ces chiffres, seulement 48 patients sont actuellement en soins intensifs.

Des données loin de refléter la réalité dans les hôpitaux algériens qui sont globalement débordés. Selon les médecins, les contaminations pourraient atteindre entre 25.000 et 30.000 cas quotidiens. 

D’après des sources hospitalières, les médecins sont débordés et les services de réanimation saturés depuis la dernière semaine de juin. Et les familles cherchent désespérément des places pour leurs proches gravement atteints du Covid-19. Ceux qui n’arrivent pas à accéder aux hôpitaux faute de lits d’hospitalisation sont renvoyés chez eux et y décèdent sans qu’ils ne soient comptabilisés dans les statistiques des personnes décédées du Covid-19.

De plus, cette pénurie d’oxygène montre clairement la faiblesse anticipative des autorités algériennes qui n’ont pas pris des mesures pour faire face à cette nouvelle vague dopée par le variant Delta, à l’origine de 71% des cas, selon l’Institut Pasteur d’Algérie.

Celles-ci devraient anticiper cette pénurie d’oxygène en augmentant bien avant les capacités de production d’oxygène. C’est dire que l’échec de la politique d’acquisition de vaccins anti-Covid-19 n’a pas servi aux autorités sanitaires du pays en matière d’anticipation.

En tout cas, face à la pandémie, il urge pour l’Algérie d’accélérer sa campagne de vaccination afin de mieux se préparer face à une éventuelle nouvelle vague de contagion. Actuellement, à peine 8% des Algériens ont reçu, à ce jour, une première dose de vaccin. «Je tiens à lancer un appel à mes frères et sœurs des citoyens pour affluer massivement vers les points de vaccination anti-Covid. Avec la vaccination, même si une personne est contaminée au coronavirus, ça sera sous une forme légère, comme une grippe et, le problème de l’oxygène ne se poserait plus», a souligné le président Tebboune.

Par Karim Zeidane
Le 09/08/2021 à 13h15, mis à jour le 09/08/2021 à 13h19