La baguette de pain à 10 DA est quasiment indisponible dans la presque totalité des boulangeries d’Alger depuis plusieurs semaines. Les boulangers ne proposent à leurs clients que du pain à 15 ou 20 DA, voire plus. Les clients, résignés, n’ont souvent pas le choix et sont obligés d’acheter cher.
Lire aussi : Algérie: les pénuries d’oxygène persistent en dépit des promesses de Tebboune
Au lieu de l'habituelle baguette à 10 dinars, les Algériens doivent désormais se tourner vers du pain vendu entre 15 et 20 dinars, selon le quotidien El Watan qui s'étonne de cette nouvelle pénurie d'un produit de grande consommation. "Pourtant, les composants entrant dans la préparation du pain en Algérie sont subventionnés par l’Etat dans un but social, et les boulangers sont censés veiller à sa disponibilité pour les petites bourses", écrit la même source.
Néanmoins, les boulangeries, n'y trouvant pas leur compte, préfèrent diversifier leur offre et ne préparent plus qu'une quantité infime de la baguette à 10 dinars. En plus de la farine, du sel et de l'eau, ils se débrouillent pour ajouter quelques ingrédients supplémentaires afin de ne plus être dans les limites de la définition du pain dont le prix est fixé. Quelques grains de semoule ou même du son de blé, quelques grains de pavot ou de sésame suffisent pour augmenter le prix de la baguette qui passe de 10 à 15 ou 20 dinars.
Les clients interrogés par El Watan affirment devoir se lever dès l'aube pour espérer avoir droit à du pain, car passé 9h du matin, il devient impossible de s'en procurer. «Durant le reste de la journée, il n’y a que du pain soi-disant amélioré à 15 ou 20 DA», rouspète l'un d'eux interrogé par le quotidien.
Lire aussi : Vidéos. Algérie: dans la pure tradition stalinienne, les médias priés de fermer les yeux sur la pénurie d'oxygène
En réalité, cette pratique est justifiée par le fait que les boulangers ne trouvent pas leur compte dans le mécanisme de subvention et d'encadrement du prix. Les boulangeries auraient ainsi exigé à plusieurs reprises, mais sans succès, que l'Etat algérien, à défaut d'augmenter la subvention, autorise une révision à la hausse du prix de vente.
Il y a donc un bras de fer entre le ministère du Commerce et la fédération des boulangers dont pâtissent les consommateurs. Mais au fonds, si le régime algérien reste impassible à cette situation potentiellement explosive vu la sensibilité du pain, c'est parce que le système de subventions qui constitue le fondement de sa politique sociale, ne peut plus être soutenu. Le pays traverse des difficultés financières énormes qui sont liées à la baisse continue des revenus du pétrole.
Car, faut-il le rappeler, les règles de l'Etat providence algérien actuel avaient été définies quand le baril de Brent coûtait plus de 100 dollars, or aujourd'hui il n'en vaut pas plus de 75 dollars, depuis plusieurs mois. Ce dimanche 22 août, le cours qui ne cesse de baisser depuis le 5 juillet n'est plus que de 64,75 dollars.
C'est cette situation financière tendue qui explique que les pénuries se multiplient au point de donner l'image d'une Algérie qui manque de tout, de l'oxygène médical à l'eau courante dans la capitale, en passant par le pain subventionné, l'huile de table, les médicaments. Une liste loin d'être exhaustive.