Dans la capitale de l'un des plus gros producteurs de pétrole et gaz du continent, voire du monde, les scènes comme celle dans le tweet ci-dessous tendent à se banaliser.
La vidéo diffusée cette nuit sur ce réseau social montre une foule gigantesque, au milieu de laquelle se trouvent des personnes âgées. Tous se ruent vers des bidons d'huile de table.
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Amassées sous la pluie, devant les portes fermées d'un hypermarché d'Alger, des dizaines de personnes ont pris d'assaut le rayon des huiles de table dès l'ouverture de ce lieu de vente. «Regardez, la nouvelle Algérie de Tebboune», ironise l'auteur de la vidéo.
Une scène surréaliste, certes, mais tellement banale désormais en Algérie... Puisqu'il ne se passe plus un trimestre sans que les Algériens ne soient confrontés à de graves pénuries de produits de grande consommation, qui les contraignent à se livrer à pareilles bousculades.
Actuellement, la situation est devenue si grave que les membres du Conseil de la nation, la première chambre haute du Parlement, ont décidé d'instaurer «une commission d'enquête sur la pénurie de produits de large consommation en vue de contrer les manœuvres des spéculateurs».
C'est dire que les plus hautes autorités de l'Etat algérien reconnaissent désormais la gravité de la situation, même si pour le moment elle feignent d'en ignorer la vraie origine.
Car dans son communiqué diffusé à la suite de la création de cette commission d'enquête parlementaire, le Conseil de la nation semble d'ores et déjà accuser d'éventuels spéculateurs, en s'inscrivant dans la logique voulue par le président algérien.
Ainsi, le document affirme qu'«en accord avec la politique pertinente du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au titre de ses efforts soutenus et de sa ferme volonté de lutter contre le fléau du monopole et de la spéculation illicite, qui prennent de nouvelles proportions qui menacent la stabilité, la cohésion et l'immunité sociétale de la nation (...) le Conseil de la nation a décidé, dans le cadre de ses responsabilités constitutionnelles à l'égard du peuple et conformément à l'article 159 de la Constitution et des exigences de la loi organique et du Règlement intérieur y afférents, de mettre en place une commission d'enquête parlementaire chargée d'enquêter sur les problèmes de pénurie et de monopole touchant certains produis essentiels de large consommation à travers le pays».
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Les sénateurs algériens promettent donc, avec cette commission, de faire «la lumière sur les causes de cette crise, ses instigateurs et les parties qui l'alimentent», et ce, «en vue de contrer les manœuvres et les comportements malveillants répétés des spéculateurs qui participent de leur égoïsme et de leur avidité aux dépens des producteurs et des consommateurs».
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Pourtant, les pénuries de ce genre sont récurrentes en Algérie, et peuvent toucher tous les produits de grande consommation, y compris les médicaments, le lait ou encore la farine.
Leur origine est liée à la crise économique et financière qui ne s'est toujours pas résorbée, malgré de très pompeuses déclarations des autorités, qui affirmant le contraire.
Or, devant l'assèchement du matelas de réserves en devises, pour redresser la balance commerciale algérienne, la seule solution des autorités gouvernementales a été de réduire les importations à leur plus simple expression.