Durant les dernières 24 heures, l’Algérie a enregistré 1.552 nouveaux cas de Covid-19 (avec une moyenne quotidienne de 870 durant les 7 derniers jours), contre 12.698 nouveaux cas en Tunisie (une moyenne de 7.762 cas durant les 7 derniers jours) et 9.061 nouveaux cas au Maroc (pour une moyenne de 7.443 cas durant les 7 derniers jours). Autrement dit, les contaminations en Algérie, sont très largement en deçà de celles enregistrées chez leurs voisins maghrébins, du moins selon les chiffres distillés par les autorités algériennes.
Pour autant, l’Algérie a pris la décision radicale et surprenante de suspendre les cours dans les trois cycles de l’éducation (primaire, moyen et secondaire), à partir de ce jeudi 20 janvier et ce, pour 10 jours. «Il a été décidé à titre préventif la suspension des cours pour dix (10) jours dans les trois cycles de l’Education nationale à compter de demain jeudi», a indiqué un communiqué de la présidence algérienne, après une réunion extraordinaire consacrée à l’évaluation de la situation pandémique dans le pays, présidée par le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune. Un délai jugé nécessaire pour casser la dynamique de contagion du Covid-19 au niveau du primaire, moyen et secondaire. Et concernant l’enseignement supérieur, «la décision de fermeture des universités revient aux chefs des établissements et des centres universitaires, en tenant compte du calendrier des examens et la possibilité de les reprogrammer au profit des étudiants», souligne le communiqué.
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De plus, à Alger, plusieurs mesures ont été prises pour faire face à l’expansion de la pandémie: fermeture des espaces de divertissement et de loisirs pour une durée de 10 jours, port du masque dans toutes les administrations, respect de la distanciation physique…
Outre le fait que le variant Omicron touche les enfants, cette décision s’explique uniquement par le fait que les autorités algériennes savent clairement que les chiffres communiqués par le ministère de la Santé sont loin de correspondre à la réalité des contagions au Covid-19 dans le pays. En effet, avec une moyenne de 730 nouveaux cas quotidiens durant les 7 derniers jours, l’Algérien enregistre 10 fois de contamination que le Maroc et plus de 9 fois moins que la Tunisie. Pourtant ces pays n’ont pas pris des mesures aussi radicales.
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Cela s’explique essentiellement par la sous-estimation des chiffres du Covid-19 du fait de la quasi absence de tests Covid-19, mais aussi par le fait que de nombreux porteurs du variant Omicron ne sont pas recensés par les unités sanitaires du pays. Or, de l’avis des spécialistes, les écoles sont devenues de véritables clusters et sources de contagions pour les parents.
En clair, le faible nombre de cas s’explique uniquement par le bidouillage des chiffres sur les contagions, sinon, pourquoi ceux des laboratoires privé ne sont pas comptabilisés pour avoir une idée claire de l'état des contagions au Covid-19.
En début d’année, le Pr Kamel Djenouhat, chef du service immunologie à l’hôpital de Rouïba, soulignait qu’«il faut au moins multiplier ces chiffres par cinq ou six», expliquant cela par le fait d’absence de tests et de la non comptabilisation par les autorités des tests PCR effectués par les citoyens au niveau des laboratoires privés.
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D’ailleurs, le communiqué de la présidence algérienne est sans équivoque là-dessus, en touchant la faiblesse des statistiques algériennes. En effet, le président Tebboune a donné ses instructions aux Premier ministre et ministre des Finances et au ministre de la Santé afin «d’assurer la disponibilité des tests de dépistage, tous types confondus et en quantités suffisantes, tout en facilitant l’accès des citoyens à ces tests dans toutes les régions du pays et en toutes circonstances».
C’est donc bien l’absence de tests qui fait que l’Algérie annonce des contagions faibles, alors que la réalité est autre et pousse les autorités à fermer les écoles.
Un autre facteur contredit les chiffres des autorités algériennes, celui des hospitalisations dans les unités sanitaires. Ainsi, Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialisés de la santé publique et chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de Boufarik, à Alger, explique «il y a un mois, nous étions à 10% des lits occupés, maintenant, nous sommes à plus de deux tiers des lits occupés. Les choses s’accélèrent, notamment dans des villes comme Alger et Oran».
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Et selon le Dr Lyes Akhamouk, membre du Comité scientifique chargé de suivi et de la surveillance de la pandémie du Covid-19, «nous allons enregistrer des chiffres qui seront nettement supérieurs à ceux atteints lors de le troisième vague Delta». Et déjà, cette hausse exponentielle attendues des contagions a entraîné une nouvelle saturation des services de santé avec un nombre de patients dans les hôpitaux qui atteint actuellement 5.000 patients pris en charge dans les hôpitaux.
Ce nombre important d'hospitalisations s’explique par le fait que le variant Delta, beaucoup plus dangereux, est encore très présent. En effet, il représente 43% des variants circulants en Algérie contre 57% pour le variant Omicron, plus contagieux, mais moins dangereux. Au Maroc, 95% des cas positifs détectés sont le fait du variant Omicron.
Par ailleurs, ce faible nombre de contagion suscite d'autant plus d'interrogations que l’Algérie est le pays ayant le moins vacciné sa population contre le Covid-19 et donc celui ayant le moins immunisé sa population dans la région. En effet, seulement 5,8 millions d’Algériens ont été complètement vaccinés, soit 13,2% de la population du pays, contre 6,13 millions de personnes totalement vaccinée en Tunisie (soit 52% de la population tunisienne) et 23,1 millions de personnes totalement vaccinées au Maroc, soit 62,6% de la population.
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Or, selon les données des autorités algériennes, 94% des personnes décédées n’ont pas été vaccinées. C’est dire l’importance de la vaccination pour éviter la survenance des cas graves de Covid-19. Les autorités ont d'ailleurs insisté sur la vaccination comme moyen pour atteindre l’immunité collective.
Malheureusement, à cause d’une politique de communication et des pénuries de vaccins au démarrage de la campagne de vaccination, la population algérienne s’est carrément détournée des vaccins. Ainsi, au niveau du secteur de l’éducation nationale, le taux de vaccination est négligeable. Seulement 17.000 personnes sont vaccinées sur un total de 900.000 travailleurs du secteur.
Les mesures prises, notamment celles de fermer les écoles, se justifient donc clairement par un nombre beaucoup plus élevé de contagions que celui annoncé quotidiennement par les autorités, comme en atteste la saturation de certaines unités sanitaires dédiées au Covid-19.