Barrage sur le Nil: l'Ethiopie annonce qu'il sera totalement opérationnel dès 2023

Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (Gerd) en cours de construction.

Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (Gerd) en cours de construction. . DR

Le 24/02/2021 à 12h48, mis à jour le 24/02/2021 à 12h50

L’Ethiopie annonce que le barrage de la Renaissance sera opérationnel dès 2023 quelques jours après avoir annoncé le démarrage de la phase 2 du remplissage du réservoir du barrage en juillet 2021, en dépit du différend avec l’Egypte et le Soudan concernant la gestion de l'exploitation du barrage.

En dépit du différend avec l’Egypte et le Soudan concernant le remplissage du réservoir et de la gestion du plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique sur le Nil bleu, l’Ethiopie continue sur sa lancée et compte terminer les travaux de réalisation de ce barrage en 2023.

En attendant, après avoir atteint la phase 1 du remplissage du barrage en 2020, les autorités éthiopiennes ont décidé de poursuivre le processus de remplissage de la phase 2 du réservoir à partir de juillet 2021 durant la saison des pluies.

Selon les autorités éthiopiennes, cette seconde phase fera passer le taux d’achèvement du barrage de 78,3% à 82% à la fin de la saison des pluies de 2021. Et selon le ministre éthiopien de l’Eau, de l’Irrigation et de l’Energie, Seleshi Bekele, l’Ethiopie compte rendre opérationnel le barrage de la Renaissance en 2023, grâce à l’accélération des travaux.

Cette nouvelle sortie intervient après celle de novembre 2020 au cours de laquelle le ministre avait annoncé lors d’une conférence en ligne avec l’University College London (UCL) qu’«en juin 2021, le barrage commencera sa première phase de production d’électricité».

Cette décision inquiète le Soudan et l’Egypte qui sont les pays en aval du Nil bleu, l’affluent du Nil qui prend sa source en Ethiopie et qui alimente entre 80 et 85% les eaux du Nil, fleuve nourricier de l’Egypte.

Le Soudan a dernièrement menacé de quitter les discussions du fait de l’absence de résultats lors des précédentes négociations. Quant à l'Egypte, elle a explqiué qu'elle ne fera aucune concession à l'Ethiopie sur ses droits sur le Nil. 

Longtemps en retrait sur le dossier, contrairement à l’Egypte, le gouvernement de transition soudanais s’inquiète désormais pour ses barrages sur le Nil bleu, particulièrement pour ceux d’Er-Roseires et de Sennar. Pour Khartoum, le futur accord doit garantir l’exploitation sure des barrages soudanais, particulièrement celui d’Er-Roseires situé à 60 km de la frontière éthiopienne et qui a été rénové en vue d’accroître ses impacts sur l’agriculture et la production d’électricité avec l’élévation de sa hauteur de 10 mètres afin d’augmenter l’eau de son réservoir de 3 à 7,5 milliards de m3 en augmentant la superficie du lac de 250%.

Selon le ministre éthiopien, le fait de considérer «le barrage comme une menace à la sécurité hydraulique n’est ni fondé ni appuyé sur des données scientifiques». Ce que contredisent le Soudan et l’Egypte qui avancent que le remplissage rapide du réservoir de 74 milliards de mètres cubes va réduire fortement le débit du Nil.

Du coup, les deux pays souhaitent un remplissage concerté du réservoir du barrage de la Renaissance et un accord final contraignant sur la gestion du barrage éthiopien, alors que l’Ethiopie estime que l’accord doit se limiter uniquement au remplissage du réservoir du barrage de la Renaissance, faisan valoir sa souveraineté sur cette partie du fleuve et sur le barrage dont elle a assuré seule le coût de la construction pour un montant de plus de 4,5 milliards de dollars.

En outre, alors que l’Ethiopie évoque la nécessité d’un nouvel accord de partage des eaux du Nil, l’Egypte et le Soudan refusent catégoriquement de négocier tout nouvel accord sur le partage des eaux du fleuve invoquant les traités conclus en 1929 et 1959, alors que l’Ethiopie s’appuie sur un accord signé en 2010 par six pays riverains du Nil boycotté par l’Egypte et le Soudan.

Rappelons que le barrage de la Renaissance avec ses 155 mètres de hauteur, 1.800 mètres de long et son réservoir de 74 milliards de mètres cubes, est le plus grand barrage hydroélectrique du continent. Il aura en 2023 une capacité de production d’électricité de 6.450 MW, alors que l’Ethiopie ne compte actuellement qu’une capacité installée de 4.200 MW. 

Par Moussa Diop
Le 24/02/2021 à 12h48, mis à jour le 24/02/2021 à 12h50