Le paysage politique camerounais sera marqué en 2018, par un scrutin présidentiel. Une échéance importante qui attire déjà les attentions. Entre l’enrôlement des électeurs sur les listes électorales, des missions d’organes des Nations-Unies et divers soutiens à Elections Cameroon (ELECAM), l’organe en charge de l’organisation du scrutin, on parle beaucoup de politique au Cameroun en ce moment. Certaines candidatures sont même déjà déclarées ou pourraient l’être.
Bernard Njonga, du syndicalisme à la politique
C’est à l'Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic), une ONG qui défend les droits des consommateurs et du monde paysan entre autres, que cet ingénieur agronome s’est fait connaitre. Sous la houlette de Bernard Njonga, l’ACDIC a révélé de nombreux scandales. Après une dizaine d’années à la tête de l’organisation, il a quitté le monde syndicaliste en 2013 pour se lancer en politique. Il a fondé Croire au Cameroun (Crac), son parti politique, afin «d’implémenter ses propositions d’hier» en présentant ses «40 mesures pour faire décoller le Cameroun par l’agriculture en 5 ans».
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Cabral Libii Li Ngue, un destin à la Macron?
C’est le tube du moment. Ce juriste de formation et chercheur au Centre d’études en droit, économie et politique du sport de l’université de Yaoundé II-Soa, est présenté comme un candidat «crédible» à l’élection présidentielle de 2018. A 38 ans, il est d’ailleurs présenté comme le «Macron camerounais». Chroniqueur dans les médias, l’intéressé est coutumier des plateaux de télévision lors des débats du week-end. Et depuis de nombreuses années, ses analyses et prises de position sont appréciées de l’opinion. Cependant, même s’il entretient savamment le suspense, ne s’est pas encore officiellement déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2018, sans pour autant écarter cette éventualité.
Il est davantage actif avec son opération «au moins 11 millions d’électeurs sur les listes électorales». «Pour ouvrir les verrous de l'alternance dans notre pays, la clé c'est entre nos mains si nous le voulons. Au moins 11 millions d'inscrits, au moins 11 millions de votants, au moins 11 millions de défenseurs de leurs votes! Cette armée démocratique est invincible par quelque blocage que ce soit, fut-il sophistiqué», affirme Cabral Libii Li Ngue.
Dieudonné MBala Mbala, le Coluche camerounais
Dans une vidéo, l’humoriste Franco-Camerounais Dieudonné MBala Mbala a déclaré sa candidature. Difficile cependant de savoir s’il faut pendre l’artiste au sérieux. A certains moments, son ton est badin, même s’il a déclaré qu’il ne se présente pas «contre l’actuel président ou son opposition, mais contre la politique française en Afrique». De père Camerounais, Dieudonné ne jouit pas d’une aura particulière dans son pays d’origine, pour rêver d’un destin à la Coluche au Cameroun.
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Maurice Kamto, du gouvernement à l’opposition
Ancien membre du gouvernement camerounais où il a notamment été ministre délégué à la Justice, il est rentré dans l’opposition en prenant la tête du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) depuis 2012. Il se dit notamment favorable à un rassemblement des formations politiques et organisations de la société civile. Le MRC est l’un des partis de l’opposition les plus actifs au Cameroun, alors que la plupart se rapprochent de la formation au pouvoir. Intellectuel et juriste émérite, celui qui a participé à la victoire du Cameroun lors de son différend frontalier avec le Nigeria concernant la péninsule de Bakassi, veut œuvrer pour «une modernisation du Cameroun dans une République nouvelle».
Paul Biya, pour un mandat de plus?
«Les élections présidentielles de 2018 sont certaines, mais encore lointaines». Ainsi répondait le président camerounais, Paul Biya, à un journaliste français qui l’interrogeait sur une éventuelle candidature ou des élections anticipées. C’était à l’occasion d’une visite de l’ancien président français, François Hollande en 2015. Le chef de l’Etat camerounais a toujours eu le sens de la formule.
A ce jour, sa candidature ou non pour 2018 n’a pas été annoncée. Mais la plupart des observateurs ne doutent pas qu’il sera à nouveau candidat à sa propre succession. Du côté du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), tous les meetings et réunions sont mis à contribution pour chanter les louanges de leur «champion». D’aucuns l’appellent même déjà à déclarer sa candidature. De l’avis d’observateurs de la scène politique camerounaise, Paul Biya est le maître du jeu. C’est lui qui guide le tempo depuis son accession au pouvoir en 1982. Il est l’un des présidents à la plus longue longévité sur le continent, voire dans le monde. Une longévité qui devrait encore perdurer s’il décide de se présenter pour un nouveau mandat, au regard de la faiblesse et la désunion de l’opposition.