Golfe: les Africains ayant pris parti contre le Qatar dans de beaux draps

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Le 20/07/2017 à 18h40, mis à jour le 20/07/2017 à 18h45

L'Arabie Saoudite et ses alliés revoient leurs prétentions à la baisse et depuis quelques jours les révélations se multiplient prouvant que le Qatar ne soutient pas plus les terroristes que ses accusateurs. Si l'on va vers un retour à la normale, que feront ces Africains ayant pris parti?

Depuis quelques jours, les nouvelles venant du Golfe laissent penser que l'Arabie Saoudite et ses alliés contre le Qatar commencent à mettre de l'eau dans leur vin. Hier, mercredi 19 juillet, la fameuse liste des 13 conditions imposées au Qatar pour un retour à la normale, a soudain été ramenée à une demi-douzaine de vagues principes. Cette nouvelle attitude n'a rien à voir avec celle du 4 juin où l'Arabie Saoudite bombait son torse, se croyant capable de faire infléchir son voisin en un claquement de doigt. 

Evidemment, l'objectif demeure de jouer sur la longueur pour marquer le coup avec le Qatar. Mais il est clair que tout est fait pour que le Koweït puisse assurer facilement sa médiation, sachant que les Etats-Unis, l'Union européenne et les Nations unies soutiennent la voie de l'apaisement. 

L'Emirat du Qatar a su compter sur des pays amis, notamment la Turquie, l'Iran et le Maroc, pour surmonter le blocus qui lui est imposé. Il a ainsi reçu des médicaments turcs, du lait marocain de la viande iranienne entres autres produits lui ayant permis de surmonter la mauvaise passe. En plus, l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis ont le désavantage de dépendre du gaz qatari. Tout changement brusque pourrait leur nuire.

Si les coalisés font machine arrière, c'est peut-être parce que des révélations se sont enchaînées, les incriminant ou blanchissant le Qatar. Il y a d'abord, le Washington-post qui affirme que quelques jours avant la rupture des relations et le blocus, les Émirats arabes unis ont orchestré un vaste piratage des réseaux informatiques qataris pour y insérer de fausses déclarations de l'Emir, Hamad Ben Khalifa Al-Thani. Le Washington-post qui cite deux sources sécuritaires américaines n'est pas avare de détails ni sur l'origine exacte des attaques, ni sur les informations piratées.

Comment peut-on pointer un doigt moralisateur vers son voisin, alors qu'on est auteur d'un si grand péché de calomniateur? Ce n'est d'ailleurs pas l'unique vice des quatre alliés, selon le Journal du dimanche. Ce dernier révèle dans sa livraison, deux jours avant le Washington-post, que d'importants stocks d'armes de Daech ont été saisis en Irak et en Syrie. Manque de chance pour l'Arabie Saoudite: ces stocks ont été achetés à partir de fonds transférés du Royaume Wahhabite vers les Balkans. 

A cela s'ajoute deux ou trois faits qui renforcent le Qatar au niveau international. Il y a bien sûr le contrat d'armement de 12 milliards de dollars signeé avec Donald Trump, mais également l'accord bilatéral de lutte antiterroriste signé entre Rex Tillerson, secrétaire d'Etat, et Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani, ministre qatari des Affaires étrangères. 

Tout ceci fait que les rares Africains, qui avaient précipitamment affiché leur soutien diplomatique à l'Arabie saoudite et ses alliés, risquent de se retrouver tout quand la normalisation aura lieu. Il s'agit notamment d'une Mauritanie et d'une Union des Comores qui avaient opté pour l'extrême en rompant leurs relations diplomatiques avec le Qatar ou encore d'un Sénégal, d'un Niger et d'un Tchad qui avaient rappelé leurs ambassadeurs respectifs. Il est clair qu'un clou est déjà planté dans la chair du Qatar. Ce n'est pas en l'enlevant qu'il y aura un retour à la normale. Certains ont perdu un ami à jamais. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 20/07/2017 à 18h40, mis à jour le 20/07/2017 à 18h45