Cameroun. Le gouvernement veut accélérer la décentralisation

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Le 23/11/2017 à 19h18

La session du Conseil national de la décentralisation (CND) s’est tenue cette semaine à Yaoundé dans un contexte marqué par la crise anglophone.

La crise anglophone dans les régions du Sud-ouest et du Nord-ouest du pays a fait émerger des revendications sur la forme et l’organisation de l’Etat camerounais. Si la sécession ou le fédéralisme prônés par les leaders anglophones ont été écartés par le pouvoir en place, celui-ci pense pouvoir arriver à plus d’équité dans la gestion des dix régions à travers le processus de décentralisation en cours depuis 2010. Mais, à l’analyse, ce processus n’a pas encore eu les effets escomptés sur les populations locales des 360 communes que compte le pays. Malgré des améliorations en matière de transfert des ressources financières aux collectivités décentralisées.

Voilà pourquoi le Premier ministre, chef du gouvernement et président du CND, Philémon Yang, a chargé le ministre des Finances de veiller à la mise à disposition des ressources allouées aux communes et communautés urbaines, inscrites dans la dotation générale de décentralisation et celles issues de la péréquation. Le système de péréquation des finances communales ayant pour but de réduire les disparités de croissance entre les collectivités territoriales décentralisées, en vue d’un développement plus harmonieux de celles-ci. Ce, à travers les dotations, subventions, transferts de ressources de l’Etat, taxes et impôts communaux. Le Premier ministre a aussi demandé à ce que soit maintenue l’approche de la subvention des collectivités territoriales décentralisées dans le cadre du transfert des compétences, en corrigeant les insuffisances relevées au cours de la première année de mise en œuvre.

Selon les premiers chiffres publiés, 2,3 milliards de francs CFA ont été répartis entre les communes à faibles revenus dans le cadre de la dotation générale de fonctionnement. Les recettes fiscales locales mobilisées par l’Etat au titre des trois premiers trimestres de l’année 2017 s’élèvent à plus de 153 milliards de francs CFA, dont 95 milliards de francs déjà payés aux communes, soit un taux de transfert de 63%. Un chiffre en hausse par rapport à 2016 (37%). De même, les communes ont bénéficié, au titre des ressources d’investissement transférées, d’une dotation de 58,9 milliards de francs CFA, soit une augmentation de 1,4% par rapport à 2016.

Mais les populations locales peinent à ressentir les bénéfices de tous ces financements. Ce qui pourrait expliquer les nombreuses revendications qui fusent en provenance des localités. Pour le gouvernement, il est désormais urgent d’accélérer le processus de décentralisation et d'assurer plus d’équité dans le développement des régions. Ce, en attendant le rapport sur l’Indice de développement local (IDL) au Cameroun, qui permettra d’y voir plus clair sur les premiers pas du processus de décentralisation dans le pays.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 23/11/2017 à 19h18