Cameroun. Crise anglophone: la communauté internationale met la pression sur le gouvernement

Violences dans les régions anglophones du Cameroun.. DR

Le 09/02/2018 à 14h48, mis à jour le 09/02/2018 à 14h50

Après les Etats-Unis, l’Union européenne appelle à son tour le gouvernement camerounais à se conformer à la loi, alors que l’on ignore toujours les charges qui pèsent sur les 47 séparatistes anglophones extradés du Nigeria fin janvier dernier.

L’étau se resserre sur le Cameroun, à l’approche du procès des 47 séparatistes anglophones extradés du Nigeria vers le Cameroun, dont le leader du mouvement Sisiku Ayuk Tabe. Après les Etats-Unis qui ont demandé à Yaoundé de «respecter les droits humains» de ces derniers, c’est au tour de l’Union européenne (UE) d’interpeller les autorités camerounaises sur sa gestion de la crise anglophone.

Dans une déclaration sur la situation dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, rendue publique mercredi à Bruxelles, siège social de l’institution, l’UE a appelé le Cameroun «à éviter tout acte qui puisse attiser les tensions ou inciter à la violence entre Camerounais».

Bruxelles condamne la mort de trois membres des forces de sécurité et de plusieurs civils et souhaite que les auteurs répondent de leurs actes devant la justice, «conformément à la loi». Dans le même ordre d’idées, l’UE demande aux forces de sécurité camerounaises de «faire un usage proportionné de la force» dans l’exercice de leurs fonctions, soulignant que «le recours à la violence ne peut permettre d’atteindre des objectifs politiques».

L’UE reste par ailleurs convaincue que «seul un dialogue sincère et constructif, en suivant les voies démocratiques et constitutionnelles, pourra conduire à une sortie durable de la crise tout en préservant l’unité et la paix pour tous les Camerounais».

Cette sortie de l’UE intervient alors que les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest connaissent un regain de tension depuis quelques jours. Plus de 1000 personnes auraient été arrêtées depuis le déclenchement de la crise anglophone, selon la branche camerounaise du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (RHEDAC) qui a demandé lundi à l’Etat du Cameroun de «rendre public le lieu de détention» des leaders séparatistes. Aucune réaction officielle du gouvernement camerounais pour le moment.

Le 29 janvier dernier, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, avait déclaré que les 47 séparatistes anglophones se trouvent entre les mains de la justice camerounaise devant laquelle «ils répondront de leurs crimes».

L’on ignore jusqu’à présent les charges retenues contre ces derniers, considérés comme des «terroristes» par Yaoundé. La loi du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme punit de peine de mort toute personne qui, à titre personnel, en complicité ou en coaction, commet tout acte ou menace dans l’intention notamment «d’intimider la population, de provoquer une situation de terreur (ou) de créer une insurrection générale dans le pays».

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 09/02/2018 à 14h48, mis à jour le 09/02/2018 à 14h50