Cameroun. Crise anglophone: Macron demande à Biya de prendre des initiatives pour un règlement du conflit

Le président français Emmanuel Macron et Paul Biya du Cameroun.

Le président français Emmanuel Macron et Paul Biya du Cameroun.. DR

Le 31/10/2018 à 09h56, mis à jour le 31/10/2018 à 11h59

Dans une correspondance adressée à son homologue camerounais, le président français émet le vœu que des initiatives soient prises au plus vite pour un «règlement politique et pérenne» de la crise qui sévit depuis octobre 2016 dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Le président français a adressé une lettre de félicitations le 25 octobre 2018 à son homologue camerounais pour sa réélection à la tête du pays à l’issue du scrutin présidentiel du 7 octobre dernier.

Dans cette correspondance abondamment partagée sur les réseaux sociaux, Emmanuel Macron assure Paul Biya du soutien et de l’accompagnement de la France dans les «initiatives et réformes» qu’il va entreprendre au cours de son prochain septennat, notamment en ce qui concerne le règlement de la crise anglophone qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis octobre 2016. Crise qui s’est muée, fin 2017, en conflit armé entre les forces de défense et de sécurité camerounaises et les séparatistes anglophones, dont les affrontements sont devenus quasi-quotidiens sur le terrain.

«S’agissant des régions anglophones, la France est prête à apporter son appui aux initiatives que vous pourriez prendre pour progresser vers un règlement politique et pérenne de la crise qui y sévit», écrit Emmanuel Macron. «Je forme le vœu que de telles initiatives prennent corps au plus vite car, l’aggravation continue de la situation dans ces régions est une préoccupation profonde pour la France et l’ensemble des partenaires extérieurs du Cameroun», poursuit le président français, qui rappelle à son homologue camerounais que leur deux pays sont liés par des relations anciennes de confiance et d’amitié. 

Selon Amnesty International, les violences ne cessent de s’aggraver dans les régions anglophones. Plus de 400 personnes ont été tuées l'an passé, 160 membres des forces de sécurité ont été tués par les séparatistes armés depuis le début de la crise et les violences ont provoqué le déplacement de 240.000 personnes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, d’après la même source.

En outre, 25.000 personnes ont fui au Nigeria voisin. «Celui qui remportera cette élection, quel qu'il soit, ne peut ignorer les dangers auxquels sont confrontées les personnes qui vivent dans les régions de l’Extrême-Nord (où l’armée camerounaise est en guerre contre la secte terroriste Boko Haram, ndlr) et anglophones, et il devra, de façon prioritaire, veiller à assurer leur protection», a déclaré, la veille du scrutin présidentiel, Samira Daoud, directrice régionale adjointe pour l'Afrique centrale et l'Afrique de l'ouest à Amnesty International.

Réélu pour un septième mandat à la tête du pays, Paul Biya, 85 ans, et presque 36 ans de pouvoir, prêtera serment au plus tard le 6 novembre prochain. Avant de s’envoler pour la France où il prendra part au Forum de Paris sur la Paix prévu du 12 au 14 novembre prochain, à l’invitation d'Emmanuel Macron.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 31/10/2018 à 09h56, mis à jour le 31/10/2018 à 11h59