Un membre du Comite exécutif de la CAF arrêté en France pour crimes de guerre

Patrice Edouard Ngaissona.

Patrice Edouard Ngaissona.

Le 12/12/2018 à 16h46, mis à jour le 12/12/2018 à 17h24

Patrice-Edouard Ngaïssona, ancien chef des anti-Balaka, à l'origine d'attaques meurtrières contre des civils et casques bleus de l'ONU dont des marocains, a été arrêté mercredi en France pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Le Centrafricain est aussi une figure de proue de la CAF.

"Patrice-Edouard Ngaïssona a été arrêté par les autorités de la République française conformément à un mandat d'arrêt" délivré par la Cour en décembre 2018, a indiqué la CPI dans un communiqué.

Brièvement ministre des Sports en Centrafrique, Ngaïssona est poursuivi pour sa responsabilité pénale présumée dans des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis dans l'ouest de la République centrafricaine entre septembre 2013 et décembre 2014, a précisé la Cour.

Malgré un lourd passif en Centrafrique à la tête des milices antibalaka, Ngaïssona avait été élu en février au comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF).

Personnage controversé, il préside également la région "centre" de la confédération ou UNIFFAC (Union des Fédérations de football d’Afrique centrale).

Selon son porte-parole, Ngaïssona est de plus président de la Fédération centrafricaine de football.

Son nom est régulièrement cité dans les rapports de l'ONU et dans les notes d'enquête de la justice centrafricaine comme l'un des chefs des milices antibalaka qui ont semé la terreur dans le pays.

Créées en 2013 après la prise du pouvoir à Bangui par les rebelles de la coalition à dominante musulmane de la Séléka, ces milices peu structurées ont pris les armes en prétendant défendre les intérêts des chrétiens et en représailles aux exactions des groupes armés musulmans.

A la chute du président Michel Djotodia issu de la Séléka en 2014, les antibalaka se sont lancés dans une chasse aux musulmans dans Bangui et ses environs, faisant des centaines de morts.

Basée à La Haye, la CPI "a soumis aux autorités françaises une demande en vue de l'arrestation et de la remise à la Cour de M. Ngaïssona à l'issue des procédures nationales nécessaires".

Réactions en Centrafrique

Cette arrestation intervient quelques semaines seulement après la remise à la Cour d'un autre ex-chef de milice antibalaka, Alfred Yekatom, parfois surnommé Rambo.

La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) s'est félicitée de cette nouvelle.

"Ngaissona est un grand leader antibalaka. Après l'arrestation de Rambo et Ngaïssona, la CPI doit également se tourner vers les leaders de l'ex-Séléka", a déclaré Pierre Brunisso, coordinateur du projet FIDH à Bangui.

Selon la CPI, il y a des "motifs raisonnables" de croire qu'une "attaque généralisée et systématique a été perpétrée par les antibalaka contre la population civile musulmane et quiconque semblait soutenir la Séléka".

"En tant que plus haut dirigeant et +coordinateur général national+ des antibalaka", Ngaïssona est notamment accusé par la Cour de "meurtre et tentative de meurtre, extermination, déportation ou transfert forcé de population" ainsi que de "l'enrôlement d'enfants de moins de 15 ans". Son arrestation a été diversement accueillie en Centrafrique.

"C'est normal, il fallait que ça arrive. Il a fait des choses lui aussi, il doit être puni", a expliqué Marcellin, un habitant de Bangui qui faisait partie des milices antibalaka en 2014.

De son côté, un chef antibalaka d’un quartier de la capitale centrafricaine, estime que c'en est "trop".

"On a montré notre bonne volonté à déposer les armes mais ça fait deux fois qu'un ancien antibalaka est arrêté. Il commence à y avoir des gens qui s'agitent dans les quartiers, mais nous sommes en train d'appeler au calme tant que nous n'avons pas plus d'informations. On essaie d'entrer en contact" avec Ngaïssona, a-t-il indiqué sous couvert d’anonymat.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 12/12/2018 à 16h46, mis à jour le 12/12/2018 à 17h24