A défaut des résultats encore disponibles, les deux principaux candidats de l'opposition ont déjà contesté dimanche soir le déroulement des opérations de vote dans le plus grand pays d'Afrique sub-saharienne.
Quatre personnes ont été tuées dans le Sud-Kivu où un agent électoral a voulu bourrer les urnes en faveur du dauphin de Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, a accusé un proche du candidat de l'opposition Félix Tshisekedi.
Pas n'importe quel proche: Vital Kamerhe, ex-président de l'Assemblée nationale, ex-candidat en 2011, et homme fort du Sud-Kivu.
"Le peuple va assumer son choix", a prévenu Kamerhe, qui deviendrait Premier ministre en cas de victoire de Félix Tshisekedi.
L'autre candidat de l'opposition, Martin Fayulu, a dénoncé "de nombreuses et graves irrégularités" dans le déroulement des opérations de vote.
Fayulu affirme par exemple que ses observateurs "ont été chassés de plusieurs bureaux de vote".
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Sans revendiquer la victoire, Fayulu a écarté l'hypothèse de celle du candidat du pouvoir: "Est-ce que quelqu'un de sérieux peut dire que Shadary a gagné l'élection?".
"J’ai déjà gagné. Je serai élu, c’est moi le président à partir de ce soir", avait affirmé le même Emmanuel Ramazani Shadary, dès le matin en sortant d'un bureau de vote.
La majorité a envisagé la possibilité de donner ses premières tendances lundi matin.
Dauphin perdant
Un sondage a donné cette semaine le dauphin perdant face au candidat d'opposition Martin Fayulu.
Les résultats provisoires ne doivent être proclamés que samedi prochain, d'après la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Le compte à rebours a commencé avec le comptage manuel des voix de Kinshasa à Goma et de Lubumbashi à Tshikapa.
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A Goma, les agents électoraux suivent scrupuleusement le mode opératoire sous l'œil attentif et fatigué des témoins des candidats.
Les trois parties de chaque bulletin de vote sont détachées pour constituer trois piles, une pour chaque scrutin (présidentiel, législatif et provincial).
Des opérations de vote se sont poursuivies à la tombée de la nuit en raison de l'ouverture tardive de certains bureaux.
Quelque 40 millions d'électeurs, dont beaucoup de jeunes, ont été appelés à désigner le successeur du président Joseph Kabila, contraint de ne pas briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution.
De bon matin, le président Kabila a voté en famille à Kinshasa, suivi de son dauphin.
Climat général calme
La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) estime que "le climat général du déroulement du vote a été relativement calme".
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Les incidents portent sur des "dysfonctionnements de la machine à voter", l'"interdiction d'accès ou expulsion des observateurs des bureaux de vote" ou le même sort réservé aux "témoins" des candidats.
A Kinshasa, des électeurs ont hué le président de la Céni, Corneille Nangaa, venu en personne constater les problèmes au centre de vote Saint-Raphaël à Limete.
Beni martyrisée, Beni exclue, mais Beni surprenante de vitalité: la cité du Nord-Kivu a organisé un vote symbolique pour protester contre le report des élections présidentielle, législatives et provinciales dans sa région.
Les autorités ont justifié ce report en raison de l'épidémie d'Ebola et des massacres de civils dans la région, ce qui a provoqué la colère des habitants. "La ville de Beni est dans la République démocratique du Congo. On ne peut pas nous priver du droit de vote", a insisté un jeune, Manix.
Objet de toutes les polémiques depuis plus d'un an, la machine à voter a connu de nombreux couacs dimanche.
"Il n'y a pas de machines et les quelques machines qui sont là, elles ont des problèmes, elles ne marchent pas, et nous n'avons pas de matériel électoral", a déclaré Pesible, un électeur à Kinshasa.
Le vote "avec la machine est très compliqué. J'ai appuyé sans trop savoir pour qui. Je n'ai pas vu le numéro ni le visage de mon candidat", regrette Madeleine, une dame d'un âge avancé, en sortant de l'isoloir d'un bureau de vote du quartier populaire de Ndjili.
Les électeurs qui ont pu voter normalement ne cachaient par leur enthousiasme et leur soif d'autres horizons.
"Parce que le Congo a trop souffert, nous méritons le changement", résume un électeur à Goma, Patrice Nzanzu, technicien.