Cameroun: le gouvernement s'insurge contre une résolution du Parlement européen

Le président du Parlement européen Antonio Tajani.

Le président du Parlement européen Antonio Tajani. . DR

Le 24/04/2019 à 07h51, mis à jour le 24/04/2019 à 07h53

Le Parlement européen a adopté, le 18 avril 2019, une résolution qui incrimine notamment les forces de défense et de sécurité camerounaises et accuse les autorités locales d’obstruction sur les libertés publiques. La réaction de Yaoundé ne s'est pas fait attendre.

La résolution du Parlement européen du 18 avril 2019 [(2019/2691(RSP)] sur le Cameroun n'a pas été appréciée à Yaoundé. Le texte accuse les autorités camerounaises, globalement, d’obstruction sur les libertés publiques et notamment d’avoir «restreint la liberté d’expression à plusieurs reprises, en bloquant l’accès à l’Internet, en harcelant des journalistes et en les mettant en prison, en refusant des autorisations à des médias indépendants et en intensifiant les persécutions politiques contre la presse indépendante». Il leur est aussi reproché d’avoir «réagi d’une manière disproportionnée, en organisant des procès militaires contre certains membres de l’opposition» et «d’avoir réprimé les manifestations en faisant un usage abusif de la force».

Lors d'un point de presse ce lundi 22 avril 2019, le gouvernement camerounais a répondu aux parlementaires européens à travers le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi.

«Le gouvernement camerounais s’élève radicalement contre cette résolution du Parlement européen, et exprime son indignation face à un acte empreint de partialité, qui s’apparente à une kyrielle de contre-vérités, d’affirmations gratuites, de récriminations infondées et d’injonctions assorties de chantage, dirigées contre les autorités camerounaises et nos forces de défense et de sécurité», indique le porte-parole du gouvernement, en réaffirmant la souveraineté du pays.

Par ailleurs, le gouvernement s’inscrit en faux contre les accusations «d’exactions et autres graves atteintes aux droits de l’Homme dirigées sur des cibles civiles» portées à l’endroit des forces nationales de défense et de sécurité.

Injonctions

«Le gouvernement dénonce donc, une fois encore, cet acharnement contre le Cameroun, qui traduit une volonté de fragiliser nos institutions et de saper le moral de nos forces de défense et de sécurité, dans leurs missions de restauration de l’ordre, de préservation de l’intégrité territoriale et de protection des biens et des personnes vivant à l’intérieur de nos frontières; et ce, au moment où la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est en phase de reprise en main progressive», poursuit René Emmanuel Sadi.

Cette résolution du Parlement européen avait été précédemment décriée par le Parlement camerounais, à travers deux communiqués du Sénat et de l'Assemblée nationale, invitant notamment les parlementaires occidentaux à venir sur place se rendre compte de la situation sociopolitique et sécuritaire réelle.

«Nous regrettons par ailleurs que cette sortie n’ait pas associé les parlementaires africains. Elle n’est ni plus ni moins qu’une série d’injonctions vis-à-vis d’un Etat. Ce qui est inacceptable», indique pour sa part Roger Nkodo Dang, président du Parlement panafricain.

«A tout prendre, le gouvernement camerounais estime que cette résolution est le produit d’une instrumentalisation où transparaissent tout à la fois la candeur, l’ignorance, la désinformation et la mauvaise foi», conclut le ministre de la Communication. Ce dernier remercie au passage les parlementaires européens, Dominique Bilde et Jean Luc Schaffhauser qui, pour leur part, ont défendu le Cameroun pendant les débats sur ladite résolution.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 24/04/2019 à 07h51, mis à jour le 24/04/2019 à 07h53