Libye: les hommes de Fayez El-Serraj libèrent des dizaines de terroristes

DR

Le 17/04/2020 à 07h39, mis à jour le 17/04/2020 à 07h42

Dans les villes de Sabratah et Sorman, des terroristes ont profité de la victoire du gouvernement d'entente nationale (GNA) sur les troupes de Haftar pour se libérer. Ils n'hésitent pas à s'afficher avec des drapeaux de l'Etat islamique et à s'attaquer aux forces de polices.

En d'autres circostances, on y aurait cru difficilement, mais c'est la Libye en guerre, le pays où tout est possible. Des dizaines de terroristes qui étaient détenus par les troupes du maréchal Haftar dans les prisons du Sabratah et Sorman viennent de refaire surface et ne doivent leur liberté qu'aux troupes dites régulières du Gouvernement d'entente nationale de Fayez El Serraj, ce même gouvernement reconnu par la communauté internationale. 

Les habitants de ces deux villes situées entre Tripoli et la frontière avec la Tunisie ne cachent pas leur inquiétude et ont déjà assisté à des scènes de représailles, d'après Radio France Internationale. 

Depuis le dimanche 13 avril dernier, avec la mise en déroute des troupes de l'Homme fort de l'Est, ce ne sont pas moins 600 prisonniers, dont d'anciens miliciens du GNA qui se sont subitement retrouvés dehors et ayant de nouveau accès à des armes. Les extrêmistes sont nombreux à bénéficier de ce retournement de situation. 

Et ce sont eux-mêmes qui publient des photos et des vidéos depuis dimanche brandissant des signes d'appartenance aux mouvances terroristes, notamment les drapeaux de Daech. Ils choisissent des places symboliques de Sabratah et Sorman comme le siège de la police partiellement brûlé. 

Wissam Ben Hmeid est mlis à l'honneur avec des photos grand format brandies dans les rues. Ben Hmeid faisait partie du conseil de la Choura de Benghazi et avait basculé vers le terrorisme en faisant allégeance à Daech. Il avait alors été tué par l'Armée nationale de libération (ANL) en 2017.

D'autres images montrent des forces de l'ordre qui furent fidèles à Haftar humiliées, notamment des policiers mis à genoux, leurs domiciles mis à sac ou leurs voitures brûlées. Autant d'actes de vengeances qui font redouter le pire. 

En plus des terroristes, il y a aussi les bandits de grand chemin dont les affaires ne propéraient plus dans l'Est du pays et à qui ce nouvel ordre local profite amplement. 

"On trouve par exemple Abderrahmane el-Miladi, plus connu sous son surnom El Pedjà, accusé par l’ONU d’organiser l’immigration clandestine et jugé en Libye. Ahmad al-Dabachi, connu sous le surnom El Ammo et originaire de cette ville, fait également sa réapparition, lui qui est réclamé par la CPI pour trafic d’êtres humains", évoque la radio française.

"Autre jihadiste fraîchement libéré, Faraj Cheko: il est l’un des dirigeants du conseil de la choura de Benghazi, qui a aussi fait allégeance à l’État islamique. Pourtant, tous ces extrémistes connus ont été remerciés sur Twitter par le ministre de l’Intérieur du GNA Fathi Bachagha, qui les définit comme étant des «compagnons d’armes»", poursuit Radio France Internationale.

Le Gouvernement de Fayez El Serraj, dans ses différents communiqués, s'est bien gardé de citer les terroristes libérés par ses troupes. Non plus, pas un seul mot sur ce que les anciens prisonniers font subir aux policiers. En revanche, "le Haut Conseil de cheiks et de notables libyens sympathisants de l’ancien régime dénonce «les bandes de criminels» qui ont attaqué ces villes affirmant ainsi que le combat de Haftar «est vraiment un combat contre le terrorisme»". 

Evidemment, cette nouvelle donne aux portes de la Tunisie a poussé les autorités du pays voisin à mettre en état d'alerte les forces armées tunisiennes. Elles redoutent que des terroristes ne s'infiltrent en Tunisie dans leur entreprise de fuite. 

Cependant, ceux qui doivent s'inquiéter le plus, ce sont les migrants africains encore présents en Libye. Puisque "Sabratah était la ville qui exportait le plus de migrants vers l’Europe avant un accord signé entre l’Italie et le GNA en 2017", rappelle le média français. Il ne reste plus qu'à souhaiter que Sabratah garde son âme de rebelle, puisque cette ville s'est soulevée à deux reprises "contre le diktat des trafiquants et des extrémistes".

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 17/04/2020 à 07h39, mis à jour le 17/04/2020 à 07h42