Cameroun: Grogne chez les avocats après des échauffourées avec la police

Les robes noires camerounaises ont décidé de se plaindre contre les violences exercées par les forces de l'ordre sur leurs collègues.. DR

Le 23/11/2020 à 14h09

Réuni en session extraordinaire le 21 novembre, le Conseil de l’Ordre des avocats au barreau du Cameroun a décidé de suspendre le port de la robe du 30 novembre au 4 décembre 2020 dans tout le pays. Il s'agit de protester contre la «persécution programmée» dont ils se disent victimes.

Le Conseil de l’Ordre national des avocats du Cameroun a, à l’issue d’une session extraordinaire le 21 novembre, décidé de «suspendre, sur toute l’étendue du territoire national, le port de la robe du 30 novembre au 4 décembre 2020 pour tous les avocats». Le Conseil annonce également la suspension, «jusqu’à nouvel avis pour tous les avocats, toute intervention devant les juridictions statuant en matière criminelle à tous les degrés de juridiction, y compris la Cour suprême et le Tribunal criminel spécial (TCS), et les juridictions statuant en matière de contentieux électoral, y compris le Conseil constitutionnel».

Une décision prise en réponse «aux brutalités policières» dénoncées par les avocats, suite notamment aux échauffourées qui ont eu lieu le 10 novembre 2020 entre avocats et policiers dans la salle d’audience du Tribunal de première instance de Bonanjo à Douala, la métropole économique.

En effet, suivant la chronologie des événements, deux avocats ont été placés sous mandat de détention provisoire à la prison centrale de Douala le 9 novembre 2020 pour «outrage à magistrat, tentative de corruption et escroquerie». Ces derniers passaient en jugement le mardi 10 novembre 2020 et les avocats se sont mobilisés en grand nombre pour solliciter leur mise en liberté provisoire. Mais l’affaire est mise en délibéré pour l’audience du 25 novembre 2020. Une décision jugée sévère qui a entraîné des tensions et suscité l’intervention des policiers.

«Les avocats Tamfu Ngarka Tristel Richard et Tchuenmegne Kenmegne Armel exerçant dans la ville de Douala, témoins desdites brutalités, ont été, sans convocation préalable, ni mandat, appréhendés par des éléments de la Division régionale de la Police judiciaire du Littoral pour répondre à leur tour des incriminations d’outrage à magistrat, destruction et commentaires tendancieux sur une affaire en cours», indique Me Claire Atangana Bikouna, bâtonnier par intérim depuis le décès de Me Tchakoute Patie.

Et d'ajoute que ses confrères ont été «gardés à vue du 18 au 20 novembre 2020, date à laquelle ils ont été déférés devant le procureur de la République et placés sous mandat de détention provisoire et notifiés de la date de leur première audience de flagrant délit le 23 novembre 2020 devant le TPI de Douala-Bonanjo statuant en matière correctionnelle»,

Au total, une quinzaine d’avocats sont recherchés au sujet de ces événements. Ce que le Conseil de l’Ordre assimile à «une persécution programmée des avocats, transformés en délinquants».

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 23/11/2020 à 14h09