Face à l'escalade dans ce conflit qui ravage le nord du pays, les Etats-Unis, la Suède et la Norvège ont appelé vendredi leurs ressortissants à quitter l'Ethiopie et le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé à un cessez-le-feu.
Dans une déclaration commune, les quinze pays membres de cette instance "appellent à mettre fin aux hostilités et à négocier un cessez-le-feu durable", avant un dialogue "inclusif" pour "résoudre la crise".
Sous pression alors qu'ils n'avaient pas été capables depuis un an d'apporter une réponse unifiée au conflit éthiopien, ils ont "exprimé leur profonde inquiétude au sujet de l'extension et de l'intensification des affrontements militaires".
Le gouvernement fédéral est en guerre depuis un an contre les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui ont progressé ces derniers mois au-delà de leurs bastions, notamment dans la région de l'Amhara.
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Ils ont affirmé mercredi avoir atteint Kemissie, à 325 kilomètres au nord de la capitale, où ils ont rejoint l'Armée de libération oromo (OLA), groupe armé de l'ethnie oromo avec lequel ils sont alliés depuis août.
Les deux groupes n'ont pas exclu de marcher sur la capitale pour faire chuter Abiy Ahmed. Le gouvernement dément, lui, toute menace sur Addis Abeba.
Le TPLF et l'OLA ont annoncé vendredi s'unir avec sept autres organisations moins connues et à l'envergure incertaine, issues de diverses régions (Gambella, Afar, Somali, Benishangul) ou ethnies (Agew, Qemant, Sidama) qui constituent l'Ethiopie.
"Coup de pub"
"Notre intention est de renverser le régime", a déclaré Berhane Gebre-Christos, représentant du TPLF lors de la signature à Washington de cette alliance, baptisée Front uni des forces fédéralistes et confédéralistes éthiopiennes.
Le procureur général éthiopien, Gedion Timothewos, a qualifié cette coalition de "coup de pub", estimant que certaines de ces organisations n'avaient "pas vraiment de base populaire".
La porte-parole du Premier ministre a de son côté fustigé la "désinformation" du TPLF destinée à créer "un faux sentiment d'insécurité", assurant qu'un "sentiment de normalité" prévalait au contraire à Addis Abeba.
L'impact sur le conflit de ce "front" reste incertain.
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"S'ils sont vraiment sérieux dans leur détermination à prendre les armes contre le gouvernement, c'est potentiellement un vrai problème" pour Abiy Ahmed, a déclaré à l'AFP un diplomate connaisseur des questions de sécurité, tout en concédant ne pas connaître la plupart de ces groupes, leurs effectifs et leurs ressources.
Cette alliance semble manifester une volonté du TPLF de montrer qu'il dispose d'un soutien au-delà du Tigré.
Le TPLF avait déjà mis en place une coalition avec d'autres groupes ethniques et géographiques à la fin des années 1980, avant de renverser l'autocrate Mengistu Haïlémariam en 1991.
Ce Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien, dominé par le TPLF, avait ensuite dirigé le pays pendant près de 30 ans, avant un mouvement de contestation qui a mené Abiy Ahmed au pouvoir en 2018.
Devenu Premier ministre, ce dernier a progressivement écarté le TPLF du pouvoir fédéral.
Appels internationaux
Après des mois de tensions, le Prix Nobel de la paix 2019 a envoyé l'armée au Tigré en novembre 2020 pour destituer les autorités régionales, issues du TPLF, qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.
Abiy Ahmed a proclamé la victoire dès le 28 novembre. Mais en juin, les combattants tigréens ont repris l'essentiel de la région et poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara.
Le gouvernement a promis ces derniers jours de gagner cette "guerre existentielle".
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Les deux camps restent sourds aux appels internationaux à un cessez-le-feu et des négociations, relayés jeudi et vendredi dans la capitale éthiopienne par l'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman.
Vendredi, le ministère éthiopien de la Défense a appelé les retraités de l'armée à se réengager "pour protéger le pays du complot visant à le désintégrer".
L'état d'urgence a été déclaré mardi dans tout le pays, permettant aux autorités de détenir sans mandat toute personne soupçonnée de soutenir des "groupes terroristes" ou de suspendre les médias qui "apportent un soutien moral directement ou indirectement" au TPLF.
Des avocats ont indiqué à l'AFP que des milliers de Tigréens avaient été arrêtés depuis l'annonce de l'état d'urgence.