Cette annonce intervient au moment où la communauté internationale s'émeut du sort fait aux manifestants et appelle le Conseil militaire de transition (CMT), qui a pris le pouvoir il y a 16 mois, à respecter le principe des "libertés publiques", dans le cadre du processus de transition vers des élections promis par les généraux.
Succès Masra, jeune président des Transformateurs, l'un des plus virulents partis de l'opposition, était convoqué vendredi par le procureur de la République de N'Djamena, quelques jours après que plus de 200 de ses partisans ont été arrêtés dans des rassemblements violemment dispersés. Son domicile, qui est aussi le siège de son parti, avait alors également été encerclé par les forces de l'ordre.
M. Masra avait commencé à cheminer vendredi pour répondre à cette convocation, suivi par des centaines de partisans, mais la police a violemment dispersé le cortège, contraignant l'opposant à faire demi-tour.
"Le procureur de la République" a annoncé qu'il "suspendait jusqu'à nouvel ordre sa convocation", a déclaré dimanche sur Facebook Abderaman Koulamallah, porte-parole du gouvernement mis en place par le CMT. Et ce pour favoriser "un climat de retenue afin de permettre un bon déroulement du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS)".
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Ce forum de réconciliation nationale a été lancé par la junte le 20 août, mais sans la grande majorité de l'opposition et des organisations de la société civile qui le boycottent, ni au moins deux des plus puissants groupes armés rebelles.
Dans un communiqué commun sur Facebook, l'Union européenne (UE), l'Union africaine (UA) et plusieurs pays dont la France -l'ancienne puissance coloniale- et les Etats-Unis ont exprimé leur "préoccupation" après les "évènements survenus vendredi, ainsi que la semaine précédente, autour du siège d'un parti politique".
Ils ont rappelé "leur attachement à l'exercice des libertés publiques, dans le respect des principes de l’État de droit et des lois de la République".
Le 21 avril 2021, en annonçant la mort de son père le président Idriss Déby Itno, tué en se rendant sur le front contre des rebelles après 30 années d'un pouvoir très autoritaire et sans partage, son fils, le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, s'était autoproclamé chef de l'Etat à la tête d'une junte de 15 généraux.
Il avait aussitôt promis de rendre le pouvoir aux civils par des "élections libres et démocratiques" après une transition de 18 mois renouvelable une fois et au terme d'un dialogue de réconciliation nationale.
La communauté internationale (France, UE et UA en tête) avait aussitôt adoubé le nouvel homme fort de N'Djamena -le Tchad étant l'un des piliers régionaux de la guerre contre les jihadistes au Sahel-, en souhaitant toutefois que cette transition n'excède pas 18 mois.