Union des populations du Cameroun: le parti artisan de l’indépendance a perdu de sa superbe

Félix Moumié, à droite, et Ruben Um Nyobé (lunette noire) le 6 mars 1955.

Félix Moumié, à droite, et Ruben Um Nyobé (lunette noire) le 6 mars 1955.. AFRICAN HERITAGE VIDEO/YOUTUBE

Le 16/09/2022 à 14h42, mis à jour le 16/09/2022 à 15h18

L’Union des populations du Cameroun est le plus vieux parti politique au Cameroun. Cheville ouvrière de l’indépendance du pays acquise en 1960, ce parti est malheureusement devenu l’ombre de lui-même malgré le retour à la démocratie dès les années 1990. Autopsie d’une chute vertigineuse.

L’union des populations du Cameroun (UPC) est un parti politique fondé le 10 avril 1948 à Douala. Son objectif à l'époque était d'obtenir l’indépendance du pays et de permettre au peuple camerounais de disposer de lui-même. Mais une fois l’indépendance obtenue, le 1er janvier 1960, l’UPC, écartée du pouvoir, estime que l’indépendance octroyée par la France n’est qu’un simulacre. Elle déclenche alors une insurrection pour renverser le nouveau régime qualifié de néo-colonialiste.

La guerre civile prendra fin en 1970 après l’assassinat de ses leaders comme Felix-Roland Moumié, empoisonné à Génève en 1960, Osendé Afana en 1966 dans le Sud du Cameroun et Ernest Ouandié, fusillé en 1971 après son arrestation un an avant.

Depuis lors, l'UPC est restée l’ombre d'elle-même. Présente à chaque échéance électorale, certes, mais sans être crainte comme auparavant. D’ailleurs, ce parti jadis représenté dans chacune des 10 régions du pays n’est désormais cantonné que dans la seule région du Littoral avec quelques représentations sporadiques dans le Sud, le Centre et l’Ouest. Le parti au symbole du crabe sombre.

A ce sommeil qui frise l’agonie, les citoyens trouvent des raisons de divisions entre les leaders et surtout l’ingérence du régime de Paul Biya. «Nous n’arrivons pas à comprendre qu’un parti politique tienne son congrès, dépose les grandes résolutions de ce congrès auprès de l’administration, mais que quelques jours après, c’est un autre leader qui est légitimé par la même administration», témoigne un militant courroucé par l’ingérence du ministère de l’Administration territoriale dans les affaires internes de l’UPC.

Aux dernières nouvelles, l’UPC prendra part à la prochaine élection présidentielle au Cameroun, prévue en 2025.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 16/09/2022 à 14h42, mis à jour le 16/09/2022 à 15h18