"Jean-Claude Seyoboka est arrivé la nuit dernière entre minuit et une heure du matin", a déclaré à l'AFP Jean-Bosco Mutangana, qui dirige l'unité "Crimes internationaux" du parquet rwandais.
Seyoboka avait le grade de sous-lieutenant en 1994. Il sera jugé pour "génocide, extermination et meurtres constitutifs de crimes contre l'humanité", selon un communiqué du parquet.
Âgé de 50 ans, il est notamment accusé d'avoir participé à l'"extermination" de plus de 72 Tutsi réfugiés dans le bâtiment du Centre d'études des Langues Africaines à Kigali, ainsi que d'avoir pris part à des réunions à Nyarugenge, un district de la capitale, au cours desquelles des massacres auraient été planifiés.
Perpétré dans la foulée de l'assassinat du président Juvénal Habyarimana, un Hutu, le génocide rwandais a fait environ 800.000 morts selon l'ONU entre avril et juillet 1994, principalement au sein de la minorité tutsi, mais aussi parmi les Hutu modérés.
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Seyoboka est arrivé en 1995 au Canada. Il y obtient le statut de réfugié un an plus tard en ayant semble-t-il caché son appartenance à l'ancienne armée rwandaise.
Mais ce statut de réfugié a été révoqué 10 ans plus tard à la suite d'un témoignage devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda liant Seyoboka au meurtre d'une femme et de ses deux enfants à un barrage routier de Kigali pendant le génocide.
Les autorités rwandaises avaient émis en 2016 un mandat d'arrêt international contre Seyoboka, condamné en 2007 par contumace devant un tribunal populaire "Gacaca", et demandé son extradition. Jean-Claude Seyoboka s'était opposé à cette extradition, arguant qu'il risquait d'être torturé, voire tué, au Rwanda.
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L'ancien sous-lieutenant est le second suspect de génocide extradé par le Canada, après le célèbre linguiste Léon Mugesera, ancien responsable du parti du président Habyarimana, en 2012. Il avait été condamné en avril à la prison à vie pour un discours prononcé en 1992 lors d'un meeting du parti présidentiel incitant, selon les juges, les Hutu à tuer les Tutsi.
L'extradition de Seyoboka intervient par ailleurs après celles la semaine dernière par les Pays-Bas de deux autres Rwandais soupçonnés de participation au génocide, dont Jean-Baptiste Mugimba, ex-secrétaire national de la Coalition pour la défense de la République, parti extrémiste hutu dissous après le génocide.