Les responsables religieux catholique, musulman et protestant de la République centrafricaine (RCA) ont célébré lundi à Rome les vertus de leur dialogue qui, assurent-ils, commence à porter ses fruits surtout chez les jeunes.
"Plus on parle, plus les masques tombent", a souligné à Rome l'archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, devenu cardinal samedi, au siège à Rome de la communauté Sant Egidio, très impliquée dans le dialogue interreligieux et qui a souvent joué un rôle de médiateur dans des conflits, en particulier en Afrique, du Mozambique à la Centrafrique.
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Ce dialogue a permis "de soustraire tant de jeunes à la propagande manipulatrice visant seulement à l'affrontement", s'est encore félicité Mgr Nzapalainga. Intervenant aux côtés de l'imam Layama, président de la communauté musulmane de Centrafrique, et du pasteur protestant Philippe Sing-Na, le cardinal a rappelé l'importance de la visite du pape François l'an dernier à Bangui, où il est allé à la rencontre tant des catholiques que des musulmans.
"Le pape a touché les coeurs" lorsqu'il s'est rendu au PK5, quartier commercial de Bangui habité par de nombreux musulmans, devenu leur refuge au plus fort des affrontements entre rébellion Seleka, à majorité musulmane, et milices chrétiennes anti-balaka, a assuré Mgr Nzapalainga.
Les trois responsables religieux sont à l'origine d'une plate-forme interreligieuse qui tente de réconcilier les communautés en Centrafrique. La flambée de violences n'est "pas une crise religieuse", a assuré le pasteur Sing-Na, pour qui "des gens sont venus pour nous pousser à la violence".
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"La mal-gouvernance a joué un grand rôle", a estimé le cardinal. "Le problème du développement reste crucial", a renchéri l'imam Layala.
La Républicaine centrafricaine, classée parmi les pays les plus pauvres du monde, peine à se relever du chaos de la guerre civile provoquée en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par des rebelles séléka, majoritairement musulmans. Cela avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balaka, majoritairement chrétiennes.
L'intervention de la force française Sangaris - dont la mission a pris fin en octobre - et de la force de l'ONU (Minusca, environ 12.000 hommes toujours déployés) a mis fin aux grands massacres mais n'a pas réussi à stabiliser la situation sécuritaire.