Cameroun: la crise anglophone vire au terrorisme

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Le 22/09/2017 à 15h57

Une bombe artisanale a explosé ce vendredi 22 septembre à Douala. D’autres déflagrations ont été enregistrées ces derniers jours dans les régions anglophones, notamment à Bamenda où trois policiers ont été blessés.

Les populations du Cameroun sont invitées à plus de vigilance. Et ce, suite une explosion survenue ce vendredi 22 septembre 2017 à Douala, capitale économique du pays. C’était tôt le matin, sur le mur de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP).

Aucune victime humaine n’a été enregistrée, selon le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Ivaha Diboua. Il assure que l’explosion est d’origine criminelle. «C’est une bombe artisanale constituée d’une bouteille de gaz concoctée sur place. Ces techniques, nous les connaissons dans certaines zones du pays, où le terrorisme a commencé à agir».

Le gouverneur du Littoral fait ainsi allusion aux régions anglophones, notamment la ville de Bamenda dans le Nord-Ouest, qui connait une série d’explosions depuis une dizaine de jours. La dernière, c’était la veille, jeudi 21 septembre 2017. Une bombe a été activée au passage d’une patrouille de police, au lieu-dit «Hospital Round About», situé à côté de l’hôpital régional de Bamenda.

Selon le ministre de la Communication du Cameroun, Issa Tchiroma Bakary, par porte-parole du gouvernement, «la mise à feu de la bombe a été déclenchée par un dispositif électrique actionné à partir d’un téléphone portable et de deux détonateurs, faisant trois blessés parmi les forces de police».

Dans une communication de crise, organisé ce jeudi 21 septembre, le porte-parole du gouvernement explique qu’«en l’espace de deux semaines, des terroristes qui se réclament de la faction armée des mouvements sécessionnistes des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, ayant largement et densément prémédité leurs actions depuis le 5 septembre 2017 à partir de sites internet logés à l’étranger, ont décidé de mettre leurs menaces à exécution».

Ainsi, le 11 septembre 2017, un engin explosif a été activé dans la ville de Bamenda, avec pour objectif d’atteindre une patrouille de la Gendarmerie nationale. Cinq jours après, le 16 septembre 2017, «un cocktail Molotov a été dirigé contre un dortoir du collège Sacré-Cœur de Mankon, toujours dans la ville de Bamenda, par deux terroristes qui se sont enfuis, avec pour intention de brûler des enfants innocents qui étaient supposés s’y trouver. Heureusement, cet autre acte terroriste a été perpétré au moment où les enfants ciblés faisaient leur prière en dehors du dortoir», rapporte le ministre de la Communication. D’où l’appel à la vigilance, sans céder à la panique.

Mais cela est dur. Car les sécessionnistes anglophones viennent rajouter à la guerre que le pays mène déjà contre la secte terroriste de Boko-Haram, qui actionne des bombes humaines dans la région de l’Extrême-Nord. Du côté de l’Est, les incursions des bandes armées centrafricaines avec des enlèvements est un autre challenge.

Néanmoins, ce vendredi à Douala, le gouverneur assurait que: «a quelque chose malheur est bon. C’est dire que la vigilance s’enclenche avec cette première explosion. Ceux qui ont pu venir nuitamment poser la bombe peuvent se réjouir mais ils n’iront pas loin».

Dans le même temps, ce vendredi 22 septembre 2017, les populations de Bamenda sont massivement descendues dans la rue, brandissant des palmes et revendiquant la paix. Certains arboraient le drapeau blanc-bleu de l’Ambazonie, l’Etat que les sécessionnistes revendiquent. Ce jour également, du haut des tribunes des Nations unies à New-york, le président de la République Paul Biya plaidait pour la paix au Cameroun et partout dans le monde.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 22/09/2017 à 15h57