Le 21 octobre 2016, la catastrophe ferroviaire d’Eséka faisait 80 morts, 500 blessés plus ou moins graves et des disparus, leurs corps n’ayant jamais été retrouvés. Ce samedi, un an se sera écoulé. Les freins du train Intercity de la société Camrail, filiale du Français Bolloré, parti de Yaoundé pour Douala, en surcharge, ont lâché à mi-parcours.
Plus de six mois après l’accident, en mai 2017, dans une communication officielle, le président de la République Paul Biya soulignait clairement la responsabilité de Camrail dans cette catastrophe, notamment pour avoir aligné des engins avec des systèmes de freinage défectueux. Des instructions avait été données par le chef de l’État pour «la prise des sanctions appropriées à l’encontre des responsables dont l’implication dans l’accident est reconnue».
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Dans la foulée, en juin 2017, le président du conseil d’administration (PCA) et le directeur général de Camrail ont été poussés à la démission, afin de se mettre à la disposition de la justice. Justement, au tribunal de première instance d’Eséka, un procès a démarré le 24 août 2017 contre Camrail, avec 13 prévenus parmi lesquels le Français Didier Vadenbon, ancien DG. Le procès en est encore au stade des préliminaires et la prochaine audience, troisième du genre, est prévue le 8 novembre 2017. Les proches des personnes disparues sont parties prenantes au procès.
Dans sa communication de mai dernier, Paul Biya avait insisté sur les indemnisations des victimes, à finaliser dans les «meilleurs délais». Aujourd’hui, à en croire Aboubakar Abbo, nouveau PCA de Camrail, la société a enregistré plus de 1.200 dossiers d’indemnisation.
Dans le détail, explique-t-il, «590 dossiers de personnes blessées ont donné lieu à des avances de fonds pour des préjudices sociaux et des remboursements de frais médicaux. 716 demandes de remboursement suite à des pertes matérielles diverses ont fait l’objet d’indemnisations définitives. 35 dossiers de personnes blessées ont donné lieu à des avances afin de soutenir les familles en attendant que le patient soit déclaré «consolidé» par ses médecins traitants, étape permettant la finalisation de l’indemnité».
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En attendant, la convention de concession Etat-Camrail a déjà fait l’objet d’un audit. «Un consortium de cabinets internationaux a travaillé dans ce sens et nous sommes dans l’attente des orientations que le gouvernement voudra formuler dans le cadre de la création de la société de patrimoine prescrite par le chef de l’État», assure la PCA Aboubakar Abbo. Il souligne au passage que le management de Camrail a connu des ajustements, avec la création de deux postes de directeurs généraux adjoint, l’un en charge du Transport voyageurs.
Pour ce qui est de la petite ville d’Eséka, elle est devenue un lieu de recueillement. La gare est régulièrement sollicitée par les nombreux « pèlerins » qui viennent brûler des cierges, en hommage à leurs morts.