Cameroun: l'école, un haut lieu de criminalité?

Pas une semaine ne se passe sans que des adolescents soient renvoyés pour consommation de drogue.

Pas une semaine ne se passe sans que des adolescents soient renvoyés pour consommation de drogue.. DR

Le 20/10/2019 à 16h26, mis à jour le 20/10/2019 à 16h30

Harcèlement scolaire, drogues, violence, etc. L'école camerounaise ne semble plus être véritablement le cocon douillet destiné à l'apprentissage, au regard de certains événements malheureux advenus dans des établissements scolaires.

La violence a-t-elle fait son nid dans le milieu scolaire au Cameroun? Depuis quelque temps, de nombreux cas de violences scolaires ont tourné au drame dans certaines écoles, des signaux qui inquiètent les parents et la communauté éducative.

Parmi ces maux de l'école qui inquiètent les parents, le phénomène des «taxeurs». Il s'agit en fait d'élèves qui harcèlent et rackettent leurs camarades. Ceux-ci ont notamment été des protagonistes dans la mort de Tsanou Osmane Blerios, élève en classe de seconde au lycée bilingue de Deïdo, l'un des plus grands établissements scolaires de Douala, la métropole économique du pays.

La victime a été prise à partie avant d'être poignardée par un de ses camarades, qui aurait tenté de lui arracher son téléphone. Un drame qui a ému la communauté éducative en mars dernier.

Autre danger, la drogue. La consommation de cannabis, de chicha, de tramadol, etc. a également été à l'origine d'autres débordements en milieu scolaire.

Une emprise des stupéfiants sur la jeunesse camerounaise qui avait poussé le gouvernement à lancer en 2018, une campagne nationale de lutte contre la drogue, considére comme «l'ennemi n°1 pour l'épanouissement de la jeunesse camerounaise». Selon le Comité national de lutte contre la drogue, 10% de la population camerounaise est des consommateurs réguliers de drogue, dont 60% de jeunes âgés de 20 à 25 ans.

Dans son message à la communauté éducative pour l'année scolaire 2019-2020, la ministre des Enseignements secondaires, Pauline Nalova Lyonga, a indiqué que son action sera notamment axée sur l’intensification de la mise en œuvre du concept d’«école propre», à travers la lutte contre la violence et la drogue en milieu scolaire, la vulgarisation de la numérisation de la gestion et de la sécurité des établissements scolaires, la sécurisation des sites des établissements scolaires.

«Tournez le dos à tout ce qui peut vous détourner de vos études à l’instar de la consommation de la drogue et d’autres stupéfiants», recommande-t-elle aux élèves.

Pour certains pédagogues, ces violences en hausse en milieu scolaire pourraient avoir été favorisées par "l'abdication" des parents qui, pour d'aucuns, ont abandonné leur rôle entre les mains des enseignants. Pourtant ceux-ci ne peuvent pas tout se permettre dans leur statut d'éducateur.

Si d'aucuns, même du côté des parents regrettent l'époque du fouet, les officiels des ministères en charge de l'éducation rappellent fréquemment aux enseignants que les punitions physiques, au prétexte du maintien de la discipline, sont interdites. Ce, en vertu entre autres, de la Convention internationale des droits de l'enfant ratifiée par le Cameroun et la loi d'orientation de l'éducation de 1998.

Par ailleurs, dans un contexte particulier marqué par la crise anglophone, l'insécurité s'est également accrue dans des écoles des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Selon le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, vingt-sept attaques terroristes ont été perpétrées contre le système éducatif dans ces deux régions entre le mois de janvier et le mois d’août 2019. Par ailleurs, au courant de l’année académique 2018-2019, l’on a enregistré un total de dix-neuf enseignants et cinquante-huit étudiants kidnappés dans les universités de Bamenda et de Buea.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 20/10/2019 à 16h26, mis à jour le 20/10/2019 à 16h30