Cameroun: l'éternelle lutte contre les formations hospitalières clandestines

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Le 19/08/2019 à 07h37, mis à jour le 19/08/2019 à 09h11

Le pays compte plus de 2000 formations hospitalières qui évoluent en marge de la réglementation, selon le ministre de la Santé publique. Un phénomène que les autorités tentent d’éradiquer une nouvelle fois, à travers la campagne de mise en conformité récemment lancée.

Depuis quelques jours, le ministère de la Santé publique du Cameroun a entamé, sur l'ensemble du territoire national, une vaste campagne de lutte contre les formations hospitalières clandestines. Des officines tenues par des promoteurs privés.

Les griefs contre ces centres de santé qui essaiment sont nombreux: manque de personnels formés et de plateaux techniques adéquats, pratiques et conditions d'hygiène douteuses (avortements, accouchements, opérations chirurgicales à risques), etc.

Selon l'Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC), c'est là qu'on retrouve une panoplie des mauvaises pratiques sur le plan médical.

La phase répressive qui s'accompagne de descentes sur le terrain du chef de ce département ministériel en personne et de la fermeture des officines en marge des règles a été lancée, après la fin du délai de trois mois donné par les autorités pour se mettre en règle.

«A cet effet, nous avons aussi mis en place un dispositif pour faciliter la régularisation de ces formations sanitaires. Mais nous n’avons pas eu beaucoup d’engouement de la part des promoteurs (…) Nous avons plus de 2000 formations sanitaires qui opèrent dans l’illégalité sur l’ensemble du territoire. Nous avons une carte sanitaire à assainir», indique notamment le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie.

Polémique

Outre le cadre d'exercice, les promoteurs privés doivent également se conformer sur un plan strictement administratif, en présentant notamment les diverses autorisations nécessaires à l'ouverture de leur établissement et à l'exercice en clientèle privée. Ce n'est pas la première fois que les autorités camerounaises tentent d'endiguer ce phénomène.

Mais ces officines clandestines continuent de prospérer, en raison notamment des coûts considérés comme exorbitants pratiqués dans les hôpitaux publics ou les privés ayant pignon sur rue, l'offre insuffisante en matière de santé, voire un défaut d'humanisation des soins dans les établissements publics.

Pourtant, la carte sanitaire du Cameroun affiche 7 hôpitaux généraux, 7 hôpitaux centraux, 16 hôpitaux régionaux, 145 hôpitaux de districts, 228 centres médicaux d'arrondissements et 2016 centres intégraux de santé.

Par ailleurs, cette campagne est déjà entachée d'un début de polémique avec l'Ordre national des médecins du Cameroun.

«L’ONMC est tout à fait d’accord avec cette croisade contre les structures illégales. Toutefois, il y a deux petites remarques. La première remarque concerne la forme. Beaucoup de collègues trouvent à redire sur la manière de procéder à ce contrôle qui s’apparente à du théâtre. La deuxième remarque concerne le fond», indique le président de l'Ordre, Dr Guy Sandjon, dans un post relayé sur les réseaux sociaux.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 19/08/2019 à 07h37, mis à jour le 19/08/2019 à 09h11