Les jeunes filles enceintes en Sierra Leone vont pouvoir aller à l’école, le gouvernement ayant décidé de lever l’interdiction qui pesait sur elle dans un pays au sombre bilan en matière de discrimination contre les femmes.
Dans les faits, les filles enceintes devront encore attendre avant de se rendre en classe. La levée de l’interdiction prend certes effet immédiatement, a indiqué le ministère de l’éducation lundi 30 mars. Mais toutes les écoles seront fermées à partir de mardi jusqu’à nouvel ordre pour contenir la propagation du coronavirus, avaient annoncé les autorités il y a quelques jours.
La Sierra Leone, un des pays les plus pauvres du monde, avait officiellement interdit aux futures jeunes mamans d’aller à l’école en 2015, à la suite de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest (2013-2016), alors que quelque 14.000 adolescentes étaient enceintes, selon les chiffres des Nations unies. Des grossesses dues en grande partie à la misère et aux viols.
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Durant l’épidémie, des milliers d’orphelines, dont les parents étaient décédés d’Ebola, s’étaient tournées vers la prostitution pour survivre, selon Amnesty International. Pour d’autres, la grossesse était le résultat de viols.
«En toute sécurité et dignité»
Dans un communiqué consulté lundi, le ministère de l’éducation dit lever l’interdit et accomplir «un premier pas sur la voie d’une Sierra Leone résolument inclusive où tous les enfants (…) pourront vivre et apprendre en toute sécurité et en toute dignité».
Des responsables de l’époque avaient justifié l’interdiction par le fait que les jeunes filles enceintes ne seraient pas en mesure d’apprendre et par l’influence néfaste qu’elles auraient sur les autres élèves.
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Cette politique avait suscité l’émoi des défenseurs des droits. Des groupes de la société civile avaient saisi la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) après avoir vu échouer leurs recours devant les instances nationales.
La juridiction régionale a ordonné en décembre 2019 la levée immédiate de l’interdiction.
«Cela ne change pas la culture de violence exercée contre les filles, mais c’est un grand pas dans la bonne direction», a déclaré lundi Chernor Bah, le chef d’une organisation locale de défense des droits des femmes. Cependant, l’effet de l’interdiction se fera sentir pendant «encore des années», a-t-il expliqué.