Coronavirus. Cameroun: le port du masque désormais obligatoire

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Le 07/04/2020 à 07h53, mis à jour le 07/04/2020 à 07h59

Face à la propagation de la maladie, les autorités sanitaires encouragent aujourd’hui la population à porter des masques pour se protéger de la maladie, alors que cet équipement est quasi introuvable ne pharmacie depuis le début de l’épidémie.

Après avoir assuré au début de l’épidémie de coronavirus (Covid-19) que les masques doivent être réservés aux soignants et aux malades, le gouvernement camerounais demande désormais à toute la population d’en porter pour se protéger de la maladie. «Nous devons tous, obligatoirement, nous couvrir le nez et la bouche en sortant de chez nous. Protégeons notre vie et celle des autres», recommande le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie.

Cette décision se justifie par la propagation rapide du virus dans le pays. Selon un nouveau bilan communiqué dans la soirée du lundi 6 avril 2020, le Cameroun compte désormais 658 personnes contaminées.

Des chiffres qui risquent encore de s’alourdir dans les jours à venir, avec notamment la campagne de «testing» massif lancé dans la ville de Douala pour identifier les cas au sein de la population, prévient le ministre.

Seul hic: les masques sont quasi introuvables en pharmacie. Et quand ils sont disponibles, ils sont vendus le double, voire le triple de leur prix initial. A titre d’exemple: un masque chirurgical vendu auparavant 100 (0,15 euro) ou 200 francs CFA coûte aujourd’hui 500, voire 1.500 francs CFA.

Une inflation dénoncée par les usagers, alors qu’une partie de la population camerounaise qui vit avec moins d’un dollar par jour ne peut pas s’offrir cet équipement de protection. Ce, alors que le port de cet équipement de protection est désormais préconisé dans la rue, dans les transports en commun, les marchés et même avant tout accès dans des hôpitaux ou dans les administrations publiques.

Face à la rareté de masques faciaux provoquée notamment par la flambée des prix, des entreprises et des particuliers (tailleurs, couturières, etc.) du secteur du textile se sont lancés dans la fabrication de cache-nez recyclables. Comme cette couturière dont la production a explosé, du fait de la demande.

«Au début, on faisait 10 masques par jour. Aujourd’hui, nous en fabriquons 100 chaque jour. Nos masques sont faits en polyester, et chaque pièce est vendue à 500 francs CFA», affirme la jeune femme. Les prix oscillent entre 200 et 1.000 francs CFA d’un atelier de couture à un autre à Yaoundé, la capitale.

Le Cameroun envisage également de produire localement des masques de protection grâce à la coopération avec Israël. Soit 400 masques faciaux qui seront fabriqués chaque jour par le centre de haute technologie d’impression 3D logé au sein de l’Ecole supérieure nationale Polytechnique à Yaoundé.

«Il s’agit des masques pour les médecins et les infirmiers dans les hôpitaux. Ce qui est spécial, c’est que c’est une initiative qui utilise la technologie israélienne et les masques sont fabriqués sur place», a déclaré l’ambassadeur d’Israël, Isi Yanouka, au sortir d’une audience ce lundi 6 avril avec le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute.

Bien qu’obligatoire, le ministre de la Santé publique rappelle que le port du masque vient en addition des consignes d’hygiène et des mesures de distanciation sociales. «Sinon, l’option recommandée est de rester à la maison autant que faire se peut», affirme le membre du gouvernement.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 07/04/2020 à 07h53, mis à jour le 07/04/2020 à 07h59